2 Rois 18,37 – 19,19+35-37

Une âme de foi marche toujours avec assurance

Père Jean-Pierre de Caussade

L’abandon à la divine providence, p. 65s

 

          Comme on sait que l’action divine comprend tout, conduit tout, fait tout, hors le péché, il est du devoir de la foi de l’adorer en tout, de l’aimer et recevoir à bras ouverts ; il faut s’y porter avec un air plein de joie, de confiance, s’élevant en toutes choses au-dessus des apparences.

          Vivre de la foi, c’est vivre de joie, d’assurance, de certitude, de confiance en tout ce qu’il faut dire et souffrir à chaque moment par ordre de Dieu. Quelque secret qu’il paraisse dans cette conduite, c’est pour animer et entretenir cette vie de foi que Dieu fait rouler l’âme, et l’entraîne dans les flots tumultueux de tant de peines, de troubles, d’embarras, de langueurs, de renversements ; car il faut de la foi pour trouver Dieu en tout cela et cette vie divine qui ne s’y voit et ne s’y sent pas, mais s’y donne à tout moment d’une manière inconnue mais très certaine. L’apparence de la mort dans le corps, du bouleversement dans les affaires sont l’aliment et le soutien de la foi ; elle perce à travers tout cela et vient s’appuyer sur la main de Dieu qui lui donne la vie partout où ne s’offre pas la vue du péché évident. Il faut qu’une âme de foi marche toujours en assurance, prenant tout pour voile et déguisement de Dieu.

          C’est donc la foi que je prêche : abandon, confiance et foi. Vouloir être sujet, instrument de l’action divine et croire qu’à tous moments et en toutes choses, cette action s’applique en même temps à tout, selon qu’elle trouve plus ou moins de bonne volonté : voilà la foi que je prêche. Une âme tombe dans l’action divine dès que la bonne volonté se trouve formée dans son cœur, et cette action a plus ou moins d’activité sur elle selon qu’elle est plus ou moins abandonnée. On a beau former contre elle des intrigues et les multiplier, la Providence en rompt tous les nœuds ; elle en confond les auteurs et répand sur eux un esprit de vertige qui les fait tomber dans leurs propres pièges. Oh ! La fine politique que cette bonne volonté ! Qu’il y a de prudence dans sa simplicité, d’industrie dans son innocence en sa franchise, de mystère et de secret dans sa droiture !