Matthieu 22, 15-21

« Rendez à César ce qui est à César et à dieu ce qui est à Dieu »

Saint Hilaire de Poitiers

Sur Matthieu, Tome II, SC 258, p. 153s

 

           Souvent les Pharisiens sont ébranlés et ne peuvent trouver dans les faits passés une occasion d’accuser faussement Jésus, car rien ne pouvait atteindre ses actes ou ses paroles. Mais, poussés par un sentiment de méchanceté, ils déploient des efforts pour trouver par tous les moyens à découvrir un grief. Et de fait, le Seigneur appelait tous les hommes à passer des vices du siècle et des superstitions religieuses humaines à l’espérance du Royaume des cieux. Aussi pour savoir s’il porterait atteinte à la puissance du siècle, ils le sondent par la formule de la question posée qui était de savoir s’il fallait payer le tribut à César. Lui, connaissant les secrets intimes de leurs pensées se fit apporter un denier, et demanda de qui était l’inscription et l’effigie. Les Pharisiens répondirent qu’elle de César. Il leur dit qu’il fallait rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.

          Ô réponse pleinement miraculeuse et évidence absolue de la parole céleste ! Tout y est dosé entre le mépris du siècle et l’outrage d’une offense à César, en sorte qu’en prononçant qu’il fallait restituer à César ce qui lui appartenait il délivrait les esprits consacrés à Dieu de tout souci et obligation d’ordre humain. Si, en effet, rien de ce qui est à César n’est demeuré entre nos mains, nous ne serons pas liés par l’engagement de lui rendre ce qui lui appartient ; mais si plutôt, nous veillons aux affaires qui sont les siennes, si nous disposons du droit de notre puissance en nous prêtant comme des tenanciers à la gestion du patrimoine qui n’est pas à nous, ce n’est pas une injustice à déplorer de restituer à César ce qui est à César, et d’avoir à rendre à Dieu ce qui lui revient, le corps, l’âme et la volonté. C’est Dieu en effet qui produit et accroît ces biens que nous tenons, et, par conséquent, il n’y a que justice à restituer tout ce que l’on est à celui auquel on se rappelle devoir son origine et son développement.