Nahum 1, 1-8 + 3, 1-11

Seule, la cité sainte est éternelle

Saint Augustin

Sermon 105, OC 17, p. 142s

 

           La cité qui nous a enfantés à la vie corporelle est toujours là. Dieu en soit béni ! Ah ! si elle pouvait être elle-même enfantée à la vie spirituelle, et passer avec nous à l’éternité ! Si la cité qui nous a enfantés à la vie corporelle ne doit pas demeurer toujours, celle qui nous a enfantés à la vie spirituelle demeure à jamais.

 

          Le Seigneur a bâti Jérusalem, dit le psalmiste. A-t-il laissé périr son édifice ? A-t-il laissé pénétrer les ennemis en ne veillant pas ? Si le Seigneur ne garde la cité, c’est en vain que veillent ceux qui la gardent. Et quelle est cette cité ? C’est la cité sainte, la cité fidèle, la cité étrangère sur la terre, la cité qui a ses fondements dans le ciel. Toi qui a la foi, ne laisse pas se corrompre ton espérance, ne perds pas la charité, ceins tes reins, allume ta lampe, porte-la à la main, attends ton Seigneur à son retour de noces.

 

          Pourquoi avoir peur en voyant crouler les royaumes de la terre ? Dieu t’a promis un royaume dans le ciel pour que tu ne périsses pas avec ceux de la terre. Leur ruine a été prédite, et prédite en termes formels. Nous ne pouvons nier que cette prédiction ait été faite. Ton Seigneur, celui que tu attends, te l’a dit : On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Les royaumes de la terre ont leurs révolutions, mais il viendra celui dont il est dit : Son royaume n’aura pas de fin.

 

          Frères, ne perdons pas courage, les royaumes de la terre auront tous une fin. Fixez votre espérance en Dieu, désirez les biens éternels ; ces biens, attendez-les. Vous êtes chrétiens, frères, nous aussi. Le Christ n’est pas descendu dans la chair pour vivre une vie de délices. N’entendons pas en vain cet avertissement : Haut les cœurs ! Pourquoi appliquer notre cœur à la terre, alors que la terre n’offre à nos regards que des ruines ?