Jérémie 22, 10-30

Les derniers rois de Juda

Saint Jérôme

Commentaire du prophète Jérémie, Livre 4, chapitre 23

 

          Josias, le roi juste, eut trois fils. Le roi d’Egypte, le pharaon Néko, conduisit le premier, Joachaz, en Egypte, après l’avoir fait prisonnier, et là Joachaz mourut. Le pharaon établit pour roi à sa place Joakim, son frère. Après la mort de Joakim, son frère Jékonias régna à sa place : c’est lui que Nabucodonosor, roi de Babylone, emmena en exil avec sa mère et ses dignitaires. A sa place régna Sédécias, son oncle, qui, après la prise de Jérusalem, fut emmené à Babylone.

          Là se pose une question : quel est donc celui qu’il ne faut pas pleurer, celui qui doit être conduit en captivité et ne doit plus revenir, alors que tous trois furent pris et exilés ? Les Hébreux pensent que ces versets conviennent aux trois rois, car c’est avec eux que le royaume de Juda prit fin.

          Jékonias est-il un instrument vil et cassé ? Ainsi parle le Seigneur : Inscris cet homme : « Homme sans enfant, quelqu’un qui ne réussira pas en son temps ». Car aucun homme de sa descendance se siègera sur le trône de David et ne règnera après lui en Juda. En son temps, effectivement, Jékonias n’eut pas de fils pour lui succéder et s’asseoir sur son trône. Mais bien longtemps après, un descendant naquit de cette descendance et obtint le trône.

          Voici la solution de cette difficulté : certes, sur le trône de David, aucun homme, aucun être humain, ne s’assiéra plus jamais ; mais, sur ce trône, Dieu lui-même établira son siège : son règne ne sera pas terrestre et passager, comme fut celui de David, mais éternel et céleste, selon l’affirmation de l’Ecriture : Il règnera pour toujours sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin.

          Ainsi de Josias naquit Jékonias, de Jékonias Salathiel, de Salathiel Zorobabal et ainsi de suite jusqu’au Christ. Mais, en son temps, Jékonias n’eut pas de fils pour lui succéder comme lui-même avait succédé à son père. Il fut au contraire emmené en captivité ; et ni Salathiel, ni Zorobabel, ni aucun autre de ses descendants, avant le Christ, n’eut en partage la royauté. Voilà pourquoi il est écrit dans le texte hébreu : Ni pendant sa vie, ni à son époque, aucun homme ne siégera sur le trône de David. Tous furent emmenés en captivité, et, par la suite, aucun descendant de David ne posséda le pouvoir sur la terre de Juda.