1 Corinthiens 1,18-2,5 ou 1 Corinthiens 4,1-16

Les fausses doctrines

Père R. Leconte

Fascicule BJ, Les épîtres canoniques, L’épître de saint Jude, p. 68s

 

          La lettre de Jude stigmatise des erreurs encore à leur début et à l’état encore embryonnaire. Malgré leur opposition aux doctrines traditionnelles, les hérétiques ne semblent pas s’être encore fait remarquer par leur prosélytisme : on ne signale nulle part leur propagande, ni leurs conquêtes. Ils ne se sont même pas nettement séparés de l’Eglise : sans doute Jude ne les compte-t-il plus parmi les destinataires de sa lettre, mais ils assistent pourtant aux agapes. Sans le sérieux avertissement qu’ils viennent de recevoir, les fidèles auraient sans doute continué à les supporter sans mesurer exactement tout le danger de leur présence. Jude lui-même regarde la secte naissante comme une nouveauté : il s’était tout d’abord proposer d’adresser à ses lecteurs des exhortations de caractère général, concernant leur salut commun,  lorsque des nouvelles alarmantes sont arrivées. Il a alors abandonné son projet primitif et a composé une véritable diatribe contre les faux docteurs. Il n’entreprend pas pour autant de les réfuter d’une façon méthodique : Il ne donne aucun conseil et ne fait aucune suggestion pratique quant à la forme que doit prendre la lutte. Il paraît avoir été un peu surpris par une situation nouvelle et n’avoir pas encore eu le temps d’aviser à la manière d’y faire face. Il dénonce les erreurs des hérétiques, cherche à inspirer de l’horreur pour leurs idées et leur conduite, mais il ne dit pas de quelle manière on pourrait s’opposer efficacement à l’extension de leur doctrine. S’il ne précise pas davantage la position de ses adversaires et n’y fait que de rapides allusions, c’est parce que les erreurs combattues lui sont encore mal connues, et appartiennent à leur période d’élaboration. Elles trahissent des tendances confuses et indécises, qui ne seront unifiées que beaucoup plus tard. La gnose dont il s’agit n’est donc pas à identifier avec les systèmes qui s’épanouiront à partir du II° siècle. Comme à travers les autres écrits néotestamentaires, on la voit apparaître ici encore timidement et à l’état sporadique. Les docteurs contre lesquels Jude s’élève avec tant de force appartiennent donc, sans doute, à ses plus anciens théoriciens.