Jean 2, 13-22

Les pierres vivantes forment le temple de Dieu

Saint Augustin

Discours sur le psaume 130, tome II, p. 1064s

 

          Le Temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple ; c’est-à-dire tous ceux qui croient en Jésus-Christ, et qui croient en lui de manière à l’aimer. Car croire au Christ, c’est aimer le Christ. Pour nous, que notre foi soit de nature à croire en lui, à l’aimer vraiment. Tous ceux qui ont cette foi sont comme des pierres vivantes, qui forment le temple de Dieu : comme ces bois incorruptibles dont fut façonnée l’arche que ne purent submerger les eaux du déluge.

          C’est dans un tel temple, c’est-à-dire dans de tels hommes, que l’on offre à Dieu des prières qu’il exauce. Quiconque prie le Seigneur hors de son temple n’est point exaucé en ce qui regarde la paix de la Jérusalem d’en haut, bien qu’il soit exaucé quelquefois quant aux biens temporels que Dieu donne même aux païens. Etre exaucé quant à la vie éternelle, Dieu n’accorde cette faveur qu’à ceux qui prient dans le temple de Dieu. Celui qui prie dans le temple de Dieu, celui qui prie dans la paix de l’Eglise, celui qui prie dans l’unité du corps du Christ, ce corps qui est formé de tous ceux qui ont la foi, celui-là est exaucé précisément parce qu’il prie dans son temple. Car il prie en esprit et en vérité dans la paix de l’Eglise et non dans un temple matériel qui n’en est que la figure.

          Et nous avons un grand prêtre, Jésus Christ, lequel intercède pour nous auprès de son Père. Lui, le Christ, il est entré une fois pour toutes dans le Saint des Saints, dans l’intérieur du voile, où le grand prêtre entrait en figure une fois l’année seulement. Lui-même s’est offert, lui le prêtre, lui la victime : désormais la mort n’a plus d’empire sur lui.

          Nous sommes donc en sureté puisque nous avons ce grand prêtre dans le ciel. Quel sacrifice devons-nous offrir à Dieu ? Le sacrifice qui t’est agréable, Seigneur, c’est un esprit brisé et broyé, car d’un cœur brisé et broyé tu n’as point de mépris (Psaume 50,19). Si donc le cœur humilié est un sacrifice à Dieu, il a offert ce sacrifice celui qui a dit : « Seigneur, mon cœur ne s’est point élevé. Vois mon humiliation et mon labeur, pardonne-moi tous mes péchés.