Apocalypse 1, 4…. 3, 21

Royaume et conversion

Père Joseph Thomas

Christus, tome 7, Le Royaume du Christ, p. 565s

 

                Le Royaume du Christ n’est pas un projet, car il n’est pas situé dans un avenir temporel. Il n’est pas de l’ordre du futur. Il est actuel ; il s’actualise plutôt dans toutes les décisions concrètes que nous pouvons arrêter. Car il dépend des hommes, de leur liberté, en tout instant où elle se trouve sollicitée par un choix qui engage l’orientation profonde de la vie, d’accueillir ou de refuser le Règne de Jésus-Christ. On n’est pas un beau jour, intégré au Royaume, pour ne plus jamais en être exilé. Ce n’est pas en vain que l’Evangile pose le devoir de vigilance comme première exigence pour appartenir au Royaume. C’est à tout instant que le Seigneur passe et demande à se voir admis réellement comme le Seigneur. C’est à tout instant qu’on a à faire sa volonté. Et on ne fera la volonté du Seigneur, au lieu de suivre sa volonté propre, que par une conversion constante et coûteuse. On n’appartient pas au Royaume comme on appartient à une société naturelle. On y passe ou on en sort sans cesse. On l’accepte ou on le refuse. L’idéal des chrétiens est de vivre dans la foi, c’est-à-dire de se convertir sans cesse. Croire et se convertir : ce n’est pas sans raison que l’Ecriture rapproche ces deux termes. Il désigne un seul et unique mouvement. La victoire du Christ, son Règne, suppose la défaite de notre volonté rebelle. Il est venu apporter le glaive et non la paix. Ce qui compte à ses yeux, c’est moins l’objectif global qu’on poursuit que la méditation réelle de chaque acte. On peut prétendre servir sa cause et refuser d’être de son esprit. La conversion requise est celle du cœur. L’intelligence elle-même sera entraînée  dans cette conversion radicale. Elle aura aussi à devenir captive pour obéir au Christ. L’obéissance de la foi est la soumission de l’esprit à l’autorité de Jésus-Christ. Mais le Christ ne serait pas pour chacun le Maître qui enseigne, s’il n’était pas d’abord le Seigneur auquel ou s’attache.