Matthieu 25, 31-46

« Venez les bénis de mon Père, recevez le Royaume »

Saint Bernard

Sermon 21,1, dans Sermons divers, p. 176s

 

                Le Seigneur a guidé le juste par des chemins sans détours : il lui montra le Royaume de Dieu et lui donna la connaissance des choses saintes ; il le fit réussir dans ses labeurs, et fit fructifier sa peine (Sagesse 10,10).

                Le juste, dont les premières paroles sont pour s’accuser lui-même (Proverbes 18,17), le juste, celui qui vit de la foi (Romains 1,17), le juste enfin, celui qui est dégagé de toute peur (Proverbes 28,1). Le premier est bon : il accède au chemin ; le second est meilleur : il court sur le chemin ; le troisième enfin est excellent : il approche déjà du terme du chemin.

                Commençons donc ici par le premier, nous avons des chances de le découvrir plus rapidement. C’est le Seigneur, et nul autre qui l’a conduit ; car lui seul peut ramener du chemin de l’iniquité au chemin de la vérité, puis faire parcourir ce chemin, par des chemins sans détour. Les chemins du Seigneur sont droits, ils sont beaux, ils sont pleins, ils sont aplanis. Droits et sans erreur, car ils conduisent à la vie ; beaux et dégagés de toute souillure, car ils enseignent la pureté ; ils sont remplis d’une multitude, car le monde entier déjà est pris dans les filets du Christ ; ils sont enfin aplanis et sans obstacle, car ils dispensent la douceur. Son joug est doux, en effet, et son fardeau léger.

                Il leur montra le Royaume de Dieu. Ce royaume est accordé, promis, manifesté, reçu. Accordé dans la prédestination, promis dans la vocation, manifesté dans la justification, reçu dans la glorification. Aussi le Seigneur s’écrie-t-il : Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde (Matthieu 25,34). Comme le dit en effet l’apôtre : Ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; ceux qu’il a justifiés, ils les a aussi exaltés (Romains 8,30). Dans la prédication agit la grâce, dans la vocation la puissance, dans la justification se trouve la joie, dans l’exaltation, la gloire.