Marc 13, 33-37

« Prenez garde, veillez »

Claire Patier

Avec saint Marc, p. 11s

 

                Prenez garde, veillez. On pourrait traduire prenez garde, veillez, par regardez, car, en grec, la racine de ce verbe signifie le regard, la claire vision. Prenez garde veut dire alors : quittez votre cécité actuelle et recevez du Seigneur une guérison du regard.

                Il s’agit d’abord de reconnaître qu’on ne voit pas pour ensuite implorer la guérison, et enfin être renouvelé dans son regard sur le Seigneur et sur les autres.

                L’expression prenez garde, ou plutôt regardez avec des yeux neufs, est complétée par veillez. Si on recherche le sens de ce verbe dans la Bible, et d’abord en hébreu, on trouve un bel arbre qui fleurit, alors que toute la nature est encore plongée dans l’hiver : l’amandier, mot qui en hébreu signifie veilleur, comme on peut le lire chez le prophète Jérémie : La parole du Seigneur me fut adressée en ces termes : Que vois-tu, Jérémie ? Je répondis : Je vois une branche de veilleur (une branche d’amandier). Alors le Seigneur me dit : Tu as bien vu, car je veille sur ma parole pour l’accomplir.

                Si le Seigneur veille sur sa parole, il nous demande de faire de même. Veiller sur la Parole de Dieu dans nos vies, c’est être comme des amandiers qui annoncent le printemps quand le monde est dans l’obscurité de l’hiver, qui pressentent les signes du renouveau, et, en fleurissant, affirment que la lumière va l’emporter sur les ténèbres, la vie sur la mort. Pour être sûr de ne pas rater le printemps, il est nécessaire de l’attendre.

                Quand on parle de veille, on parle d’hiver ou de nuit, cette nuit qui est celle d’un monde qui refuse Dieu et qui choisit les ténèbres. Le veilleur sait que la nuit n’aura pas le dernier mot et il affirme que la lumière vient, comme le dit le psaume (129,6-7) : Mon âme attend le Seigneur plus qu’un veilleur n’attend l’aurore ; plus qu’un veilleur n’attend l’aurore, Israël attend son Seigneur.