Luc 1, 46-56

Marie chez Elisabeth

Origène

Homélie sur saint Luc, SC 87, Homélie IX, 1, p. 175s

 

          Les paroles, aussi bien que les faits rapportés, doivent avoir un motif digne du Saint-Esprit et de la foi au Christ, à laquelle nous sommes appelés. Nous devons donc maintenant chercher pourquoi Marie, après avoir conçue, vint-elle chez Elisabeth, et demeura trois mois avec elle ? Ou bien, pour quelle raison Luc, en écrivant l’histoire évangélique, y a-t-il inséré ce verset : Elle demeura environ trois mois avec Elisabeth et revint ensuite dans sa propre maison ?

 

          De fait, s’il a suffi de la venue de Marie chez Elisabeth et sa salutation, pour que l’enfant exultât dans la joie et qu’Elisabeth, remplie du Saint Esprit, prophétisât ce qui est écrit dans l’Evangile, si donc, en une seule heure, de telles transformations se sont produites, il nous reste à imaginer quel progrès Jean a pu accomplir durant les trois mois que dura le séjour de Marie chez Elisabeth.

 

          Si, en une seconde, instantanément, le petit enfant a tressailli, et pour ainsi dire, bondi de joie, si Elisabeth a été remplie du Saint Esprit, il est vraiment inconcevable que, pendant trois mois, ni Jean, ni Elisabeth n’aient accompli de progrès au voisinage de la mère de Dieu et dans la présence du Sauveur lui-même. Durant ces trois mois, Jean était entraîné, il recevait, pour ainsi dire, l’onction dans l’arène des athlètes, et il était préparé dans le sein de sa mère, pour une naissance plus merveilleuse encore. Parce qu’il fut élevé d’une façon inaccoutumée, l’Ecriture ne dit pas comment il fut allaité par sa mère, comment il fut tenu dans les bras de sa nourrice, mais elle ajoute aussitôt : Il vécut au désert, jusqu’au temps de sa présentation à Israël.