Isaïe 51,17 – 52,2+7-10

Le mystère de notre salut

Saint Léon le Grand

Sermons en la Nativité, 2°, SC 22 bis, p. 75s

 

          Soyons transportés d’allégresse, bien-aimés, et donnons libre cours à la joie spirituelle, car voici que s’est levé pour nous le jour d’une rédemption nouvelle, jour dès longtemps préparé, jour d’un éternel bonheur.

          Voici, en effet, que le cycle de l’année nous rend le mystère de notre salut, mystère promis dès le commencement des temps, accordé à la fin, fait pour durer sans fin. En ce jour, il est digne que, élevant nos cœurs en haut, nous adorions le mystère divin, afin que l’Eglise célèbre par de grandes réjouissances ce qui procède d’un grand bienfait de Dieu.

          Les temps étant accomplis, Jésus Christ, Fils de Dieu, pénètre dans les bas-fonds de ce monde, descendant du séjour céleste tout en ne quittant pas la gloire de son Père, venu au monde selon un mode nouveau, par une nouvelle naissance. Mode nouveau, car, invisible par nature, il s’est rendu visible en notre nature ; insaisissable il a voulu être saisi. Lui qui demeure avant le temps, il a commencé à être dans le temps ; maître de l’univers, il a pris la condition de serviteur en voilant l’éclat de sa majesté. Dieu impassible, il n’a pas dédaigné d’être un homme passible ; immortel, de se soumettre aux lois de la mort. Naissance nouvelle que celle selon laquelle il est né, conçu par une vierge, né d’une vierge sans qu’un père y mêlât son désir charnel, sans que fût atteinte l’intégrité de sa mère. Une telle origine convenait, en effet, à celui qui serait le Sauveur des hommes, afin que tout à la fois il eût en lui ce qui fait la nature de l’homme, et ne connût pas ce qui souille la chair de l’homme. Car le Père de ce Dieu qui naît dans la chair, c’est Dieu, comme en témoigna l’archange à la bienheureuse Vierge Marie : L’Esprit Saint viendra sur lui et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi l’enfant qui naîtra de toi sera saint et sera appelé Fils de Dieu.