Luc 2, 1-14

Le pouvoir de la bonté

Benoît XVI

Homélies, Textes choisies, Nuit de Noël, p. 140s

 

          Dans certaines représentations de la Nativité, à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne, l’étable apparait comme un palais un peu délabré. Si l’on peut encore en reconnaître la grandeur d’autrefois, il est maintenant en ruines, les murs sont effondrés, il est précisément devenu une étable. Bien qu’ayant aucun fondement historique, cette interprétation exprime cependant, sur un mode métaphorique, quelque chose de la vérité qui se cache dans le mystère de Noël. Le trône de David auquel était promise une durée éternelle, est vide. D’autres exercent leur domination sur la Terre Sainte. Joseph, le descendant de David, est un simple artisan ; le palais est, de fait, devenu une cabane. David lui-même était à l’origine un pasteur ; quand Samuel le chercha en vue de l’onction, il semblait impossible et contradictoire qu’un jeune berger comme lui puisse devenir celui qui porterait la promesse d’Israël. Dans l’étable de Bethléem, de là où précisément tout est parti, la royauté davidique renaît, de façon nouvelle, dans cet enfant emmailloté et couché dans une mangeoire. Le nouveau trône d’où ce David attirera le monde à lui est la Croix ; le nouveau trône, la Croix, correspond au nouveau commencement dans l’étable. Mais c’est précisément ainsi qu’est construit le vrai palais de David, la véritable royauté. Ce nouveau palais est tellement différent de la façon dont les hommes imaginent un palais et le pouvoir royal. Il est constitué par la communauté de ceux qui se laissent attirer par l’amour du Christ, et, avec lui, deviennent un seul corps, une humanité nouvelle. Le pouvoir qui vient de la Croix, le pouvoir de la bonté qui se donne, telle est la véritable royauté. L’étable devient palais ; à partir de ce commencement Jésus édifie la grande et nouvelle communauté dont les anges chantent le message central à l’heure de sa naissance : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix aux hommes de bonne volonté.

            Dans l’étable de Bethléem, le ciel et la terre se rejoignent. Le ciel est venu sur la terre. C’est pourquoi, de là émane une lumière pour tous les temps ; c’est pourquoi, là s’allume la joie ; c’est pourquoi, là naît le chant. Le ciel n’appartient pas à la géographie de l’espace, mais à la géographie du cœur. Et le cœur de Dieu, dans cette nuit très sainte, s’est penché jusque dans l’étable : l’humilité de Dieu est le ciel. Et si nous entrons dans cette humilité, alors, nous toucherons le ciel. Alors la terre deviendra aussi nouvelle. Avec l’humilité des bergers, mettons-nous en route vers l’Enfant dans l’étable ! Touchons l’humilité de Dieu, le cœur de Dieu ! Alors sa joie nous touchera et elle rendra le monde plus lumineux.