Actes 6,8 – 7,2+44-60

Etienne, martyr

Dom Claude Jean-Nesmy

Spiritualité de Noël, p. 216s

 

          Le martyre de saint Etienne est une parfaite imitation de la Passion du Christ. Jésus avait pardonné à ses meurtriers, puis il avait expiré en criant : Père, je remets mon esprit entre tes mains. Sous la grêle de pierres, Etienne faisait cette invocation : Seigneur, Jésus, reçois mon esprit. Puis il fléchit les genoux et dit dans un grand cri : Seigneur, ne leur impute pas ce péché.

            Mais auparavant, ce qui avait déclenché le signal de cette lapidation, c’était une parousie, une apocalypse, une révélation de la présence du Christ à ses membres. Au terme de sa dispute avec les gens de la synagogue, en effet, Etienne tout rempli du Saint-Esprit, nouvelle Pentecôte, fixa son regard vers le ciel ; il vit alors la gloire de Dieu et Jésus debout à la Droite de Dieu. Ah ! Ditil, je vois les cieux ouverts.

            Les cieux ouverts ! C’est, on s’en souvient, l’expression même qui a introduit dans l’évangile la théophanie du baptême du Christ, c’est le merveilleux résultat de l’Incarnation que célèbre la liturgie de Noël et de l’Epiphanie. La Manifestation dont le premier diacre se voit confronté demeure bien dans la même ligne, ou plutôt elle est le fruit de l’admirable Echange. Saint Fulgence écrit : « Hier, nous avons célébré la naissance temporelle de notre Roi éternel ; aujourd’hui nous célébrons la passion triomphante de son soldat. Hier, en effet, notre Roi, revêtu de notre chair, sortant du palais d’un sein virginal, a daigné visiter le monde : aujourd’hui le soldat, quittant la tente de son corps, monte en triomphateur dans le ciel. Celui-ci est monté après avoir été lapidé par les Juifs parce que celui-là est descendu à la joie des anges. Hier les saints chantaient avec jubilation, aujourd’hui ils ont reçu avec allégresse Etienne en leur compagnie. Hier, le Seigneur est sorti du sein d’une Vierge, aujourd’hui le soldat est sorti de la prison de sa chair. Hier, le Christ a été pour nous enveloppé de langes, aujourd’hui Etienne est revêtu par Lui de la robe de l’immortalité. Hier, l’exiguïté d’une crèche a porté le Christ enfant, aujourd’hui l’immensité du ciel a reçu Etienne triomphant. Le Seigneur est descendu seul pour en élever un grand nombre, notre Roi s’est humilié afin d’exalter ses soldats ».

            La commémoraison de saint Etienne, premier en date des martyrs, vient donc fort bien au lendemain de Noël. Oui ! Bienheureux homme qui vit le ciel ouvert : Il l’a vu et il y est entré, nous dit un ancien répons. Mais il y entraîne les autres à son tour ! Le divin Echange continue par le moyen des membres du Christ eux-mêmes. Etienne succombe, mais par son martyre il méritera cette grâce de la conversion qui fera de Saul ce jeune qui approuva son meurtre.