1 Jean 1,1 – 2,3

Saint Jean ou la double vocation chrétienne

Dom Claude Jean-Nesmy

Spiritualité de Noël, p. 218s

 

          Il devait certainement y avoir beaucoup de saveur à fêter saint Paul en ces mêmes jours de Noël, comme nous voyons qu’on le fit en certains endroits. Mais la tradition romaine fixant la commémoraison des Princes des Apôtres au 29 juin l’emporta, ce qui était assez naturel. On doit pourtant se rappeler cette première date, ainsi que le souvenir accordé à saint Jacques parallèlement avec saint Jean, pour bien comprendre le sens de notre fête actuelle du 27 décembre, désormais réservée seulement à ce dernier. L’Eglise entendait grouper autour de la crèche les saints apôtres, familiers du Christ durant sa vie terrestre, et finalement durant l’éternité, s’il est vrai que la demande imprudente faite par la mère de Jacques et de Jean à notre Seigneur n’a finalement pas si mal réussi, puisqu’à défaut d’être à la droite et à la gauche du Fils de l’homme, ils sont privilégiés au sein même du Collège apostolique.

          A présent, nous fêtons uniquement saint Jean au surlendemain de Noël. On ne peut s’empêcher de penser que cet honneur lui revenait de préférence à tous les apôtres. Parmi les Douze, en effet, il est le seul que l’on tienne traditionnellement pour jeune et non marié. Cette fraîcheur, l’intimité spéciale avec Jésus qui lui permit de se surnommer, sans que les autres s’en formalisent apparemment, celui que Jésus aimait. Sa mission spéciale auprès de la Vierge Marie après la Passion, ses écrits lumineux sur l’Incarnation comme sur l’Apocalypse, et l’ultime Parousie, tout cela, enfin, qui nous le rend particulièrement cher, l’habilitait pour être au berceau du Christ le représentant de tout ce qu’il y a de jeune, de pur, d’aimant et de contemplatif dans l’Eglise.

          La fête de saint Jean vient fort bien dans le sillage d’un mystère comme celui de Noël, dont les fruits majeurs sont de nous assurer, dès à présent, que nous ne sommes pas seulement ballottés dans l’histoire de ce monde, mais que nous sont ouvertes les perspectives éternelles de l’Incarnation et de notre gloire à venir.