Hébreux 2, 9-17

Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui ?

Saint Augustin

Discours sur les Psaumes, Discours sur le psaume 8, Tome I, p. 92s

 

           Le Seigneur, dans sa bonté, se souvient de l’homme, fils d’Adam, et cette bonté s’étend jusqu’à ceux qui se sont éloignés de lui : il visite l’homme et étend sur lui sa miséricorde pour le couvrir de ses ailes, quand il l’éclaire à la splendeur de sa propre lumière, l’abreuve de ses délices, l’enivre de l’abondance de sa maison, et lui fait oublier les misères et les égarements de sa vie passée. Cet homme nouveau enfante avec douleur et gémissement la pénitence du vieil homme.

          Cet homme a été visité tout d’abord dans la personne de cet Homme-Dieu, né de la Vierge Marie. L’infirmité de notre chair daigna porter la Sagesse divine ; les ignominies de la Passion ont fait dire au psalmiste : Vous l’avez rendu quelque peu inférieur aux anges. Puis il se hâte de marquer la gloire de sa Résurrection et de son Ascension : Vous l’avez couronné de gloire et d’honneur en l’établissant sur toutes les œuvres de vos mains.

          Tout fut mis par toi sous ses pieds. Tout, dit le psalmiste, et afin qu’on ne pût entendre ces paroles dans un autre sens, l’apôtre veut que la foi les accepte, ainsi quand il dit : Excepté celui-là seul qui lui a tout assujetti. Il s’appuie, dans la lettre aux Hébreux, sur le témoignage de ce psaume, quand il ordonne de croire que tout est soumis à Jésus Christ, sans aucune exception.

          Tout fut lui fut assujetti, et le psalmiste d’énumérer les brebis, les bœufs et même les bêtes sauvages, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer. Par les bœufs et les brebis, pourquoi ne pas entendre les âmes saintes, les hommes qui produisent les fruits de l’innocence, qui travaillent à rendre la terre fertile, c’est-à-dire à obtenir des hommes terrestres une régénération dans les biens spirituels ? Comment prouver que, par brebis, on peut entendre les plus élevés en sainteté, non seulement les hommes, mais encore les créatures angéliques ? Est-ce parce que le Sauveur nous a dit qu’il a laissé les quatre-vingt-dix-neuf brebis afin d’en sauver une seule ? Par cette brebis tombée, entendons la nature humaine déchue en Adam parce qu’Eve avait été tirée de son côté. Dans toutes les créatures spirituelles, nous comprenons aussi tous les hommes qui vivent saintement dans l’Eglise. Frères, reprenons le dernier verset de ce psaume par lequel déjà le psalmiste avait commencé : O Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand ton nom par tout l’univers.