Genèse 8, 1-22

Le Fils est égal au Père

Saint Hilaire de Poitiers

La Trinité, tome III, livre XII, 24, SC 462, p. 417s

 

          Contenant en lui la forme et l’image du Dieu invisible, le Dieu Monogène, le Fils, est, en tout ce qui est propre à Dieu son Père et grâce à la plénitude en lui de la divinité véritable, égal à Dieu son Père. Pour ce qui est de la force et de la majesté, il mérite autant d’honneur et est aussi puissant que le Père. De même, du fait que le Père est toujours, le Fils également, du fait qu’il est Fils, partage la propriété d’être toujours. Selon le mot dit à Moïse : Celui qui m’a envoyé vers vous, il est propre à Dieu d’être ce qu’il est, sans ambiguïté de notion, puisque ce qui est ne peut être ni pensé, ni dit ne pas être. Etre et ne pas être, sont contraires, et ces deux significations ne coïncident pas en un seul et même sujet, car si l’une demeure, l’autre ne sera pas. En ce qui est ne peut ni en pensée, ni en parole être introduit le non-être. Notre intelligence a beau prendre du recul et revenir sans cesse en arrière pour tâcher de comprendre celui qui est Dieu, elle est toujours précédée par le seul fait qu’il est. Car ce qui est infini en Dieu se soustrait sans cesse à l’infini retour en arrière de notre intelligence, en sorte que ce regard tendu en arrière ne saisit rien avant ce propre de Dieu qui est d’être toujours, car même en se prolongeant éternellement, ce regard ne rencontre rien d’autre, pour comprendre Dieu, que ceci : Dieu est toujours. Or ce qui est signifié par Moïse au sujet de Dieu et qu’il nous est interdit de comprendre autrement par le sens commun est ce que les Evangiles témoignent être propre au Dieu Monogène, lorsqu’ils disent : Au commencement était le Verbe, Il était auprès de Dieu, Il était la vraie lumière, Le Dieu Monogène est dans le sein du Père, et Jésus-Christ est Dieu au-dessus de tout.

          Il était donc et il est, parce qu’il est issu de celui qui est toujours ce qu’il est. Or, être issu de lui, c’est-à-dire issu du Père, c’est la naissance. Etre toujours issu de celui qui est toujours, c’est l’éternité, une éternité tirée non de soi-même, mais de l’éternel. De l’éternel rien d’autre ne provient que l’éternel. Et, si ce n’est pas l’éternel, le Père qui est l’auteur de la génération, n’est plus éternel. Or avoir un Père qui est toujours, et en être toujours le Fils, est son être propre et le nom ce qui est signifie l’éternité, en sorte que celui qui a en propre le nom de ce qui est a également en propre d’être éternel.