Genèse 18, 1-33

Dieu naîtra tel qu’autrefois il est apparu

Saint Hilaire de Poitiers

La Trinité, Livre IV, chapitre 25s, SC 448, tome 2, p. 61s

 

Trois hommes se présentent devant Abraham. Voyant les trois, Abraham en adore un seul qu’il confesse Seigneur. Pas de différence d’allure entre ceux qui se présentent, et cependant il a reconnu son Seigneur avec les yeux de la foi et le regard de l’Esprit. Sur quoi un dialogue s’engage entre eux.

Celui qu’Abraham reconnaît comme son Seigneur, lui dit : L’an prochain, à cette époque-ci, je reviendrai vers toi et Sara, ta femme, aura un fils. Dieu avait bien promis un fils à Abraham, mais les années passaient et rien ne venait, et voilà que cet homme qui est là, devant lui, lui fait maintenant la même promesse ! Seul change le nom de celui qui promet ; la foi d’Abraham, elle, ne varie pas. Il voit un homme, et il l’adore comme le Seigneur, car il pressent le mystère de l’incarnation future. Cette foi extraordinaire d’Abraham n’a pas manqué d’attestation : le Seigneur lui-même a déclaré dans l’évangile : Abraham, notre père, a tressailli de joie à la pensée de voir mon jour ; il l’a vu et s’en est réjoui.

Toutes les manifestations mystérieuses du Fils dans l’Ancienne Alliance n’annulent pas la vérité de sa nature divine ; l’aspect qu’il revêt pour s’adapter au regard de l’homme croyant ne trompe pas la foi des saints à qui il se fait voir. Car ses manifestations providentielles préfigurent le destin du dessein sauveur de Dieu qui brillera dans l’Evangile : ce que le patriarche voit et croit, c’est ce que l’apôtre contemple et proclame. L’Ancienne Alliance est l’ébauche des réalités à venir. L’apparence prise par cette ébauche annonce la vérité de l’incarnation future.

Dans un homme, Dieu se laisse voir, confesser, adorer, lui qui, à la plénitude des temps, sera engendré dans un homme. Pour se montrer à Abraham, il assume une forme humaine qui préfigure ce qu’il sera réellement un jour. Il s’offre alors au regard seulement. Dieu dans l’homme, mais sans naître corporellement ; plus tard, il naîtra tel qu’il est apparu.