2 Corinthiens 3,7 – 4,4

Le visage de Moïse et le nôtre

Maurice Carrez

La deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens, p. 89s

 

          Paul compare le ministère apostolique à celui de Moïse. Partant de l’affirmation qu’il vient d’énoncer, Paul poursuit sa démonstration : ici le ministère de Moïse est un ministère de mort, donc sans l’Esprit. Paul ne s’en prend pas à Moïse, mais à une certaine interprétation donnée de lui ; de même pour la Loi ! Est-ce une réaction à un type de prédication synagogale ? Ou à la façon dont les opposants de Corinthe usent de la Loi et de Moïse ?

          Paul écrit une phrase serrée, ramassée, car ce n’est pas le ministère qui est gravé, mais l’Alliance. Il faut donc comprendre : Le ministère de mort de l’Alliance gravée en lettres dans la pierre. On peut aussi comprendre : Ministère de mort dans des lettres, gravé dans des pierres. La pierre est un rappel, une allusion au don de la Loi au Sinaï. Elle annonce que cette Alliance sera comme figée, fossilisée.

          Quelle que soit la traduction donnée à l’expression a été d’une gloire des fils d’Israël, ou a été inauguré, est né, devint, se changea en, parvient à, etc…, l’important est cette valorisation par la gloire. Ce mot gloire se trouve 19 fois dans les 8 premiers chapitres de la deuxième lettre aux Corinthiens dont 15 fois dans les chapitres 3 et 4.

          Dans le récit de l’Alliance au Sinaï, le visage de Moïse est illuminé d’une gloire, d’un rayonnement insupportable aux yeux des fils d’Israël. Si Moïse mettait un voile qu’il retirait lors de ses rencontres avec Dieu, c’était pour leur épargner cet éclat.

          Quel rôle joue le visage de Moïse ? Ce mot est souvent conjoint à cœur. Le visage n’est-il qu’apparence et le cœur profondeur ? Tout de suite après le texte que nous venons d’entendre, Paul va dire (4,6) : qui voit le visage du Christ voit Dieu.

          En se référant au texte du récit de l’Alliance au Sinaï, Paul, plein d’assurance, est jugé capable d’être ministre de la nouvelle Alliance ; aussi Dieu lui révèle qu’il peut user d’une pleine hardiesse (3,12). En effet, le transcripteur, c’est Paul : avec le Saint Esprit pour encre, il écrit la bonne nouvelle du Christ sur les cœurs des chrétiens qui sont les tables vivantes de la Nouvelle Alliance dont le Christ Jésus est désormais la Loi.