Zacharie 3,1 – 4,14

Un sacerdoce renouvelé

Père Théophane Chary

Agée-Zacharie, Malachie, p. 108s

 

          Par analogie avec les autres visions du livre de Zacharie, le prophète situe la présente scène à l’entrée de la cour céleste. Les acteurs en sont Josué, le Satan et l’ange de Dieu, représentant Dieu lui-même. Josué y figure dans son rôle sacerdotal, il a le titre de grand prêtre et il reçoit une nouvelle tiare portée par le grand prêtre en fonction.

          C’est dans cette fonction de prêtre que Josué se tient devant l’ange de Dieu, face au Satan. Dans le présent passage, ce terme, avec un article, le Satan, représente encore un esprit soumis à Dieu, mais chargé de mission négative, punitive ou vengeresse. Tel est l’esprit du mensonge ; la figure représentée ici est cependant déjà plus nettement orientée vers la malice et l’opposition. Il accuse Josué. La scène n’est pas spécifiquement celle d’un tribunal ; il s’agit plutôt d’une scène de lutte, d’opposition où le Satan cherche à nuire, à se mettre en travers des desseins relatifs à son adversaire. Voilà pourquoi l’ange de Dieu intervient avec tant d’énergie, repoussant l’agresseur : Que Dieu te repousse, Satan. Six fois ce terme, te repousse, exprime une action puissante, spécialement celle avec laquelle Dieu réduit l’adversaire primordial, la Mer. Faut-il voir là un choix intentionnel de la part du prophète ? En ce moment crucial où va se reproduire un haut fait analogue à celui de l’Exode, l’adversaire, quel qu’il soit, sera terrassé.

          Il ne s’agit donc pas d’accusation dirigée vers Josué pour quelque faute, encore moins pour son manque de foi. Josué n’est pas un accusé chargé de péchés, il est un éprouvé, un rescapé de la grande fournaise de l’exil : l’épreuve exténuante a pris fin. Le rôle de Josué lui est aussitôt signifié : il lui assure de façon nouvelle et impressionnante un double privilège, celui d’entrer dans une intimité spéciale avec Dieu, Je te donnerai accès parmi ceux qui se tiennent ici, puis celui de gouverner la Maison et ses parvis. Privilège exhorbitant, mais qui n’est pas sans contrepartie morale : Josué est invité à marcher dans les voies et les observances divines, de lui obéir fidèlement.