Jérémie 1,4-10+17-19

La prédication de Jean Baptiste

Père Jules Lebreton

La vie et l’enseignement de Jésus-Christ, notre Seigneur, Tome I, p. 71s

 

          La prédication de Jean tend tout entière au Christ ; jusqu’à l’apparition de Jésus, elle n’est qu’une préparation. Après sa venue, elle ne sera plus qu’un témoignage. Mais précisément, parce qu’elle n’est qu’une préparation, elle n’a pas encore le caractère de la prédication évangélique. Les prophètes, dit saint Irénée, sont les avant-coureurs du Roi ; Jean Baptiste est le dernier de ces avant-coureurs, et le plus grand, mais il n’est que cela. De là, la sévérité de sa parole : Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ? Faites donc un digne fruit de pénitence (Matthieu 3,7-8). Le Maître, quand il viendra, aura un autre accent, plus royal et plus divin ; il révèlera les secrets divins, il donnera à sa Loi la perfection, il remettra les péchés. Le Précurseur ne prétend pas à ce rôle : qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ?  Mais il prêche la pénitence, il éveille dans les âmes la faim et la soif de justice, le désir du règne de Dieu.

          Cette prédication ardente enflamme les Juifs et les fait accourir en foule : Jérusalem vient à lui, et toute la Judée, et toute la région du Jourdain (Matthieu 3,5) ; pharisiens et sadducéens arrivent à grand nombre pour recevoir le baptême ; les Galiléens ne sont pas les moins empressés ; c’est parmi eux que Jésus trouvera ses premiers disciples, et plus tard, parlant aux foules de Galilée, il leur rappellera l’enthousiasme qui les a entraînés là-bas et le prophète qu’ils y ont vu : Qu’êtes-vous allés contempler au désert ? Pourquoi y êtes-vous allés ? Pour voir un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu’un prophète.

          Parmi les auditeurs de Jean, il en est qui s’attachent plus étroitement à lui, qui se font ses disciples : il leur apprend à prier, il les fait jeûner, il les entraîne à sa suite, vers ce règne de Dieu où il tend.

          En effet, toute son action est orientée là. Autour de lui, l’enthousiasme est si grand qu’on se demande s’il n’est pas le Christ : il détrompe ses adhérents : Moi, je vous baptise dans l’eau pour la pénitence. Mais celui qui vient après moi est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de porter ses sandales : lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et dans le feu. Ce Messie qu’il annonce, sans le connaître encore, lui apparaît comme le justicier qui a le van à la main, pour nettoyer son aire. Bientôt, plus complètement éclairé, il le montrera comme l’Agneau de  Dieu qui enlève les péchés du monde.