Zacharie 14, 1-21

Retour au Paradis

Père Théophane Chary

Aggée-Zacharie, Malachie, p. 214s

         

          La grande affirmation des versets 6 à 9, c’est la suppression de l’ordre actuel du monde. En Genèse 8,22, était garantie la permanence des manifestations naturelles journalières et saisonnières, et cela en vertu d’une promesse spéciale pour la durée du siècle pécheur, après la destruction de l’harmonie primitive par le péché et le déluge. L’instabilité et la menace permanente incluses dans l’alternance des jours et des saisons prendra fin : tout reviendra à la condition paradisiaque antérieure au péché. Le verset 6 en énonce le principe : la lumière du soleil n’aura plus à se retirer, entraînant le froid et la nuit. Ainsi la lumière, qui représente celle des astres, disparaîtra ; celle du verset 7 est la clarté du premier jour : ce jour sera unique, à la fois par sa beauté, et par le fait qu’il ne sera suivi d’aucun autre. D’où le besoin de préciser que Dieu connaît ce jour, c’est son jour.

          Ce retour à l’ordre paradisiaque est confirmé par l’évocation des eaux jaillissant de la Cité sainte. Ce fleuve jaillit de la ville et pas seulement de son sanctuaire : ainsi toute la cité est sacralisée. Ce fleuve se divise en deux bras, allant jusqu’aux extrémités de le terre : la perspective est cosmique. L’appui sur Ezéchiel, où le fleuve descend à la Mer Morte exprimant alors le retour à la vie de ces eaux stériles. Cette façon d’élargir la conception d’Ezéchiel et le contexte du retour au paradis demande d’entendre ces deux bras comme une réplique du fleuve paradisiaque fécondant toute la terre.

          Le rétablissement de la condition paradisiaque donne toute sa dimension à la royauté universelle de Dieu si énergiquement affirmée au verset 9. Dieu y sera l’unique roi, ce qui équivaut à sa reconnaissance universelle et exclusive. Cette royauté vient couronner une lutte très longue, ou pourrait dire un long et douloureux enfantement, jusqu’à la totale soumission de toute chose à Dieu. La Jérusalem eschatologique, surélevée comme l’était le paradis lui-même, sera le centre de ce paradis reconstitué où règnera la paix définitive.