1 Timothée 2, 1-15

Jean, le témoin de la grâce

Père David-Marc d’Hamonville

Marc, l’histoire d’un choc, p. 119

 

          Le nom de Jean vient de la racine hébraïque Hen, qui signifie grâce : Yo-Hanan, Le Seigneur fait grâce. La grâce, ici, ne semble guère émaner de la personne de Jean, inflexible en sa dénonciation, repoussant dans l’horreur de son exécution. On voit plutôt la grâce à l’œuvre dans la personne et la danse de la jeune fille. Pourtant, c’est une grâce mensongère, une séduction aux effets meurtriers : quand le roi Hérode prétend, à grand prix, acheter cette beauté, cette grâce gratuite, tout se détraque.

          Peut-être Jean ne fut-il gracieux que dans la danse inaugurale qu’il fit dans le ventre de sa mère à l’approche de son Seigneur ! Mais il est, par sa parole, témoin et gardien de la grâce qu’est le don de la vie : c’est lui qui rappelle l’interdit. Et l’horrible scène du plat portant sa tête en plein milieu du banquet royal, scène choc, clou imprévu de ce repas d’anniversaire, donne encore à voir et à entendre cette parole muette. Elle ne se mange pas, cette tête-là, elle parle, toute muette qu’elle est ! Il faut prendre le temps de la regarder, avec effroi, et dans la foi : une parole sur un plat, une prophétie servie sur un plateau. La parole du prophète n’a jamais été aussi forte, aussi criante, que dans ce mutisme de l’ultime témoignage.

          Le dernier verset nous ramène à ses disciples, au silence de la dépouille et du tombeau.

          Jean est ici le témoin donné en modèle aux véritables disciples, et notamment aux Douze qui viennent d’être envoyés en mission, pour proclamer et donner un témoignage. La forme qui est donnée à ce premier témoignage nous enseigne : nul témoignage qui ne s’achève dans le silence, dans le silence du don de la vie, sans réserve. Ainsi s’accomplira surtout la Parole de Jésus, le Fils de Dieu : dans le silence de la Croix, par de sang qui parle plus fort que le sang d’Abel.