2 Timothée 2,22 – 3,17

Le serviteur du Seigneur, qu’il soit patient dans l’épreuve

Saint Jean Chrysostome

5° et 6° homélies sur la deuxième lettre à Timothée, 5,4 et 6,2

 

          Lorsque les médecins désespèrent de guérir nos corps, ne nous lassons pas de les encourager et de leur dire : Ne vous rebutez point jusqu’à ce que le malade ait rendu le dernier soupir, faites ce qui dépendra de vous, usez de tous les moyens, ne devons-nous pas à plus forte raison faire de même pour les âmes malades ? Une âme peut aller jusqu’aux portes de l’enfer, jusqu’aux dernières limites du vice, et revenir après à résipiscence, se corriger, revenir au bien et acquérir la vie éternelle. Combien en a-t-on vu que dix sermons n’ont pu toucher, et que le onzième a converti ? Ou plutôt, ce n’est pas le onzième tout seul qui a opéré leur conversion, les dix premiers, sans les toucher visiblement, avaient déposé dans leurs âmes une semence qui a enfin porté son fruit. C’est ainsi qu’un arbre recevra dix coups de hache sans branler, et qu’un onzième coup le fera tomber. Cependant, ce n’est pas le dernier coup qui a tout fait ; s’il a réussi, c’est grâce aux dix premiers. En regardant à la racine, on se rend compte de ce fait, mais on ne s’en rend pas compte en regardant le sommet ou même le tronc de l’arbre. Donc si les instructions que nous entendons ne donnent pas immédiatement leur fruit, elles le donneront plus tard.

          Si les pécheurs qui jettent tout le jour leurs filets sans rien prendre ne se découragent pas néanmoins, à plus forte raison devons-nous avoir autant de patience qu’eux.

          Il arrive très souvent que, par la continuité de l’enseignement, le discours pénétrant jusqu’au fond de l’âme comme le soc de la charrue en terre, coupe jusqu’à la racine la passion mauvaise qui l’empêchait d’être fertile. La même chose arrive que, si un agriculteur ignorant, après avoir planté une vigne, la cultivait une première année, puis une seconde, et encore une troisième, s’attendant toujours à récolter, et, découragé de ne pas trouver de fruit, cessait de la travailler la quatrième année, c’est-à-dire au moment où sa vigne aller le payer de ses peines.