2 Timothée 4, 1-22

L’Eglise et le monde

Cardinal John Henry Newman

Le Mystère de l’Eglise, p. 137s

 

          Dans quelle mesure le monde dans son ensemble, est-il séparé de l’Eglise de Dieu ? La vraie façon de voir les choses est de constater que l’Eglise, loin d’être littéralement, et en réalité, séparée du monde mauvais, en fait partie. L’Eglise est une société, dont les éléments sont dans le monde, et qui est en cours de séparation du monde. Hélas ! La puissance du monde domine l’Eglise parce que celle-ci s’est engagée dans le monde pour le sauver. Tous les chrétiens sont dans le monde, et ils sont du monde à la mesure où le péché exerce toujours sur eux son empire ; et même le meilleur d’entre nous n’est pas absolument pur de péché. Par conséquent, même si dans l’idée que nous nous faisons des deux, de leurs principes, de leurs perspectives d’avenir, l’Eglise est une chose et le monde une autre chose, pourtant, dans la réalité présente, l’Eglise est du monde, n’en est pas séparée. La grâce de Dieu, en effet, ne possède qu’en partie même les gens religieux, et le mieux qu’on puisse dire de chacun d’entre nous est qu’il y a deux aspects, l’un clair, l’autre sombre, et que le côté sombre se trouve le plus en évidence. Et ainsi, bien que nous ne soyons pas du monde, chacun de nous est pour l’autre une partie du monde.

          Il faut détacher nos regards de ce monde, du monde de l’Eglise, de ce qui est imparfait, et des vases d’argile où la grâce est déposée pour les fixer sur Celui qui est lui-même la Source de la grâce, en Le suppliant de nous remplir de Sa Présence.

          L’Eglise mène un combat, et elle a à souffrir à la mesure où elle le mène au bien ; si elle ne souffre pas, c’est qu’elle est en sommeil. Ses doctrines et ses préceptes ne pourront jamais être au goût du monde, et si celui-ci ne la persécute pas, c’est qu’elle ne prêche pas.

          Le monde se contente de mettre les choses superficiellement en règle, mais l’Eglise vise à régénérer les profondeurs du cœur.