2 Pierre 3, 1-10

« Mille ans sont à tes yeux comme un jour »

Saint Augustin

Discours sur les psaumes, Tome II, Psaume 89, p. 158s

 

          Mille ans, devant tes yeux,  sont comme le jour d’hier qui s’est écoulé. Il faut donc nous détourner de tout ce qui passe et qui s’écoule, pour nous tourner vers ton asile où tu es sans aucun changement : quelque longue en effet que l’on souhaite une vie, mille ans devant tes yeux sont comme le jour d’hier qui s’est écoulé. Pas même comme le jour de demain qui est à venir, tant il est vrai que l’on doit regarder comme écoulé ce qui finit avec le temps ! De là vient pour tout cela le mépris de saint Paul qui oubliait tout ce qui ce qui est en arrière, c’est-à-dire les choses temporelles, pour s’élancer vers l’avenir, ou vers les choses de l’éternité. Et de peur que l’on vienne à s’imaginer que mille années sont en Dieu comptées pour un jour, comme si Dieu avait des jours si longs, tandis qu’il n’y a dans cette expression qu’un mépris du temps, quelque prolongé qu’il soit, le psalmiste ajoute : Et comme une veille pendant la nuit. Or, une veille ne se prolonge pas au-delà de trois heures. Et toutefois les hommes ont osé se promettre la science des temps, et le Seigneur répondait à un tel désir de ses disciples : Ce n’est point à vous de connaître les temps que le Père a mis en sa puissance. Ils ont même osé décider que le monde pourrait finir dans l’espace de six mille ans qui seraient comme six jours ! Ils n’ont pas remarqué ce mot du psalmiste: Comme un jour qui s’est écoulé. Quand ils parlaient ainsi, il ne s’était pas écoulé un millier d’années seulement ; et cette autre parole qu’il ajoutait : Comme une veille pendant la nuit aurait dû les avertir de ne point se laisser égarer dans cette incertitude au sujet du temps. S’ils peuvent en effet donner une certaine vraisemblance à leurs six jours, à cause des six jours que Dieu a mis à faire tous ses ouvrages, ils ne peuvent pas adapter à leur système six veilles, c’est-à-dire dix huit heures.

          Cet homme, ou plutôt l’esprit prophétique, semble en quelque sorte réciter une loi de Dieu écrite dans les secrets de la sagesse : Leurs années ressembleront à ce que l’on compte pour rien. Au matin, leur vie passera comme l’herbe ; elle fleurira et passera ; au soir elle tombera, s’endurcira, se desséchera. Toute chair est une herbe, et toute la gloire d’un homme n’est que la fleur de l’herbe. L’herbe s’est desséchée, la fleur est tombée, seule la Parole de Dieu demeurera éternellement.