Sur Ac 4,5-31

La quarantaine glorieuse
Abbé Roger Poelman
Le signe biblique des 40 jours, p. 143-145

Le début de la vie publique du Christ a été marqué par quarante jours au désert. Jésus y reprenait, au sortir du baptême, l’Exode de son Peuple. A la fin de sa mission terrestre, entre la libération des affres de l’Hadès et la définitive entrée dans la vraie terre promise, Jésus a, une fois encore, passé quarante jours.
En examinant ces deux quarantaines, nous sommes frappés du contraste entre la quarantaine désertique et la quarantaine glorieuse. Au désert, Jésus est apparu comme notre frère, enfoncé dans un monde pécheur, tenté par le démon. Durant la période glorieuse, nous sommes éduqués à un autre monde de présence, celle du Christ ressuscité. Il apparaît sous un autre aspect. On commence toujours par ne pas le reconnaître : Madeleine le prend pour un jardinier, les apôtres hésitent, dans leur joie, et se demandent : Serait-ce lui ? Les disciples d’Emmaüs le prennent pour un voyageur ; Pierre, Jean et les apôtres, au lac, pour un inconnu qui se trouve là par hasard.
Une éducation se fait ainsi : les sens ne suffisent plus pour atteindre le Christ. IL faut la foi : tant qu’ils doutent, les apôtres n’ont pas un contact réel avec le Ressuscité. Il faut l’espérance : c’est quand elle remonte au cœur des disciples d’Emmaüs qu’ils sont préparés à reconnaître le signe de la fraction du pain. Il faut se savoir aimé : c’est quand Jésus, doucement, l’appelle par son nom, Marie, que, d’un seul coup, Madeleine entend sa voix et se jette à ses pieds. C’est celui que Jésus aimait qui, le premier, a décelé sa présence au bord du lac : Pierre, c’est le Seigneur !
Une autre remarque s’impose : dès qu’on le reconnaît, il disparaît. Il ne faut pas chercher à le retenir. Ressusciter, ce n’est pas reprendre la vie du passé comme on reprend le vêtement qu’on a déposé. Pourtant, durant ces quarante jours, il apprend aux siens sa perpétuelle présence. Il les envoie en Galilée, et là, à tout détour d’un sentier, sur le lac, ou dans la maison, pendant qu’ils pensent à lui, parlent de lui, se répètent l’Evangile et le découvre d’une manière toute nouvelle, ils peuvent brusquement le voir ou le reconnaître, puisqu’il est toujours présent avant qu’ils ne l’aient découvert.
Ces quarante jours sont une pédagogie, une éducation à la nouvelle présence du Ressuscité. Au terme, il pourra dire : Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde.