Sur Colossiens 3,1-17
Revêtir l’homme nouveau

Père Bernard Rey
L’existence pascale du baptisé, VS, n° 113, 1967, p. 705s

Par le baptême, les croyants ont revêtu l’homme nouveau. C’est un fait, et pour l’énoncer, Paul utilise un temps qui se réfère à une action passée. Pourtant, ils doivent encore se renouveler. Vous avez revêtu l’homme nouveau qui se renouvelle à l’image de celui qui l’a créé. Le temps de ce verbe est un présent, ce qui indique une action qui se poursuit : le renouvellement se dit du progrès moral, qui au fil des jours, fait exister dans la vie du croyant l’évènement pascal. C’est peu à peu que le triomphe du Christ prend possession de toute la vie du croyant pour l’élever des réalités d’en bas, à celles d’en haut. Il en est du chrétien comme du nouveau-né : l’enfant qui vient de naître est un homme, il a en lui le principe qui fera de lui un adulte, c’est déjà un petit homme, comme le dit la sagesse populaire. Et cependant ce n’est qu’au jour le jour qu’il deviendra pleinement ce qu’il est en puissance. Cette comparaison aide à comprendre l’essence même de la vie chrétienne : lent progrès à partir d’un germe de vie reçu au baptême, laborieuse édification d’un homme nouveau déjà revêtu et qu’il faut pourtant encore devenir. Cela implique une lutte journalière, car il faut quitter la dépouille du vieil homme. Son mensonge doit céder la place à la vraie connaissance, son attachement au moi charnel, à un attachement à Dieu, son visage d’homme pécheur au visage du Christ que Dieu veut former en lui.
Tel est l’enseignement de saint Paul dans le verset 10 de ce chapitre 3 de la lettre aux Colossiens que nous venons d’entendre. Avant de poursuivre, il convient d’en prendre possession en pesant soigneusement les termes de Paul si lourds de sens : l’homme nouveau se renouvelle dans la recherche d’une vraie connaissance, à l’image de Celui qui l’a créé. Les expressions qui suivent et que nous avons entendues, définissent à elles seules l’existence chrétienne : Un homme en quête de Dieu, un homme que Dieu façonne à son image, une vie à l’imitation du Christ.