sur Actes 7, 1-16
Les jeunes et nous
Père Patrice Vivarès
Christus, n° 122, p. 173s

Les jeunes attendent de nous un amour gratuit ; ils attendent aussi une constance de notre part, d’autant plus que leur propre vie se déploie sur le registre de l’éphémère. Leur existence, leur désir connaissent de nombreuses vicissitudes ; un jour, ils se lancent dans une activité, prennent un engagement ; un mois plus tard, paniqués par des examens, ils se démobilisent.
C’est leur rendre mauvais service que de vouloir nous adapter à eux à travers ces aléas. La souplesse n’est pas compatible avec la fermeté dans les propositions que nous leur offrons. Notre fidélité ne doit pas être rigide : là aussi nous avons à agir comme témoins ; notre fidélité doit renvoyer à la fidélité de Dieu. La fidélité envers les jeunes peut nous faire découvrir la fidélité de Dieu. Car Dieu, lui, est fidèle. Il est prêt à nous accueillir si nous revenons à lui ; il nous attend comme un père attend son enfant éloigné qui revient.
Notre rapport aux jeunes est donc en relation avec la fidélité de Dieu pour nous. Ne nous prenons cependant pas trop au sérieux, nous ne sommes pas Dieu ! si nous pouvons essayer de calquer notre amour envers eux sur l’amour de Dieu pour son peuple, la réciproque peut être expérimentée : en même temps que nous les évangélisons, que nous essayons de leur communiquer le meilleur de nous-mêmes, il nous est donner de nous laisser évangéliser par eux.
Les jeunes portent en eux des valeurs parfois fantastiques : une soif de justice et de vérité, un désir de rencontre et d’amitié. Cela, nous le portions nous-mêmes dans notre cœur, mais un certain réalisme nous l’a fait enfouir sous d’autres préoccupations. Il est bon pour nous, à travers les rencontres de jeunes, de redécouvrir la joie de ma jeunesse, ce désir fou de transformer le monde. Les jeunes peuvent toujours réactiver en moi ce désir.
Dans la relation aux jeunes, nous pouvons nous recevoir réciproquement, nous accueillir mutuellement dans nos différences, dans nos divergences : dans cet espace différencié, nous nous évangélisons les uns les autres, nous communiquons le meilleur de nous-mêmes, nous reconnaissons à travers l’autre, le Christ. Il nous offre toujours la proposition du Royaume.