Sur Actes des Apôtres 9, 23-43
Saul à Damas
Père Divo Barsotti
Les Actes des Apôtres, p. 231s

Saul n’est pas encore l’apôtre. Dans le silence d’une méditation assidue, il se prépare à la mission qui lui a été annoncée, mais dont il n’est pas encore investi. Et cependant il prêche déjà à Damas, dans cette cité où il devait déchaîner la persécution afin de détruire l’Eglise. Publiquement et solennellement il confesse que Jésus est le Fils de Dieu, et cette prédication provoque maintenant une persécution contre lui. Il le savait : on lui avait déjà dit qu’il aurait beaucoup à souffrir pour le Nom de Jésus. Et dès le début, dès sa conversion, sa vie est sous le signe de la haine, sous la menace de la mort.
Saul n’avait humainement aucune chance de pouvoir accomplir son ministère. Non seulement la vocation qu’il avait reçue devait trouver une opposition féroce chez ceux auxquels il portait l’annonce, mais même ceux qui devenaient ses frères dans la foi ne pouvaient dès l’abord lui être favorables. Les premiers, qui haïssaient les Douze et voulaient la mort des disciples de Jésus, haïssaient plus encore le transfuge qui s’était mis à la suite de Jésus. Quant aux disciples, ils ne pouvaient se fier à lui. Saul n’a pas d’autre appui, d’autre sécurité que la parole de Jésus. Et cependant il manifeste dès le début l’un des caractères majeurs de son ministère : la parrhèsia, l’assurance.
Plusieurs fois dans ses Lettres, il rappellera cet aspect propre de l’apostolat chrétien, qui, en lui plus qu’en tous les autres, brille comme une marque fondamentale de la mission apostolique. Par deux fois, à courte distance, le Livre des Actes répète ce mot : malgré tous les périls et menaces, Saul parlait avec assurance. Il avait des ennemis tout autour de lui, et ces ennemis étaient puissants. Dans la lettre aux Galates, racontant comment il a échappé à la mort, il dira que le roi Arétas avait posté des sentinelles à toutes les portes de la ville de Damas pour prendre Paul, mort ou vif. Mais une nuit, ses disciples le blottirent dans une corbeille et le firent descendre du haut des remparts ; il avait Dieu pour lui et pouvait ainsi défier le pouvoir du monde.