Sur Jean 14, 6-14
Dieu est Père parce qu’il a un Fils
Saint Hilaire de Poitiers
La Trinité, Livre VII, 33-35, Sources Chrétiennes 448, p. 353s

Le Seigneur ne nous a pas laissé sur un tel mystère un enseignement incertain ou douteux, il ne nous a pas abandonnés au milieu des errements d’interprétations ambiguës. Ecoutons-le révéler aux apôtres la pleine connaissance de ce point de foi ; il dit en effet : Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père sinon par moi. Si vous me connaissez, vous connaissez aussi mon Père.
Il ne nous entraîne pas dans des vagabondages et en dehors de tout chemin, lui qui est le chemin ; il ne nous leurre point avec des faussetés, lui qui est la vérité ; il ne nous laisse pas dans un égarement mortel, lui qui est la vie. Et ces noms de bonté, il en fait son propre programme de son économie pour notre salut, voulant en tant que chemin nous amener à la vérité, et, en tant que vérité, nous établir dans la vie ; aussi faut-il connaître ce qu’est ce mystère qui nous fera obtenir la vie : Nul ne vient au Père que par moi. La route vers le Père passe par le Fils.
Si vous me connaissez, vous connaissez aussi mon Père. C’est Jésus-Christ homme que l’on voit. Comment si c’est lui qui a été connu, aura-t-on connu le Père ? Le Seigneur a affirmé la présence en lui de la nature divine de son Père, dans le mystère du corps assumé, mettant dans ses propos toute une graduation : Si vous me connaissez, vous connaissez aussi mon Père ; sous peu vous le connaîtrez et vous l’avez vu. Il a séparé le temps de la vision du temps de la connaissance ; en effet celui dont il a déclaré qu’il allait être connu, il a dit qu’il avait déjà été vu.
Des paroles aussi nouvelles ont troublé l’apôtre Philippe : on voit un homme, et il se proclame Fils de Dieu ; il déclare que si on le connaît, on connaîtra le Père ; il dit qu’on a vu le Père et qu’on le connaîtra par le fait qu’on l’a vu. Aussi Philippe s’élance-t-il pour interroger le Seigneur avec la familiarité et l’assurance d’un apôtre : Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit. Il n’a pas refusé d’ajouter foi à ce qui lui était dit, mais il a réclamé une indication en vue de connaître, suffisante pour assurer sa foi. Voilà ce qui l’a incité à demander qu’on lui montre le Père : on lui avait dit qu’il l’avait vu et qu’il le connaîtrait pour l’avoir vu. Ce n’était pas de l’impudence que de réclamer qu’on lui montre celui qu’il avait vu.