3° dimanche du temps ordinaire, 2° lecture

Sur Genèse 18, 1-33
L’hospitalité d’Abraham
Saint Augustin
Sermons, Première série, Sur le saint patriarche Abraham, OC 19, p. 481s

A Mambré, Abraham pénètre sous l’ombre d’un chêne, s’y bâtit un abri. Tandis qu’assis sous ce chêne, Abraham interrogeait le ciel du regard, voici que tout à coup la majesté divine en descend sous la forme de trois jeunes gens. Le patriarche accourt, il s’empresse : Monseigneur, je t’en prie, si j’ai trouvé grâce devant toi, ne passe pas au-delà de ton serviteur. Vous le voyez, Abraham va au-devant de trois personnages, et il n’en adore qu’un. Unité triple, et Trinité une. Qu’on lave vos pieds, rafraîchissez-vous sous cet arbre, j’apporterai du pain, vous mangerez, et ensuite vous continuerez votre route. La justice parfaite garde toujours dans le bien la même ligne de conduite : Abraham offre l’hospitalité à des voyageurs, lui qui n’a plus de maison ; il montre à des passants l’abri que la nécessité lui avait fait choisir, lui qui s’était privé de tout abri. Bien que la demeure fût étroite, la foi donnait de l’étendue à l’étroitesse de cet asile, et méritait que Dieu l’acceptât.
Pendant ce temps, on délaie de la farine, on fait cuire des pains sous la cendre, on tue un chevreau. La divinité n’avait certes pas besoins de ces aliments, mais la justice fait ces dépenses pour satisfaire à ses désirs. Voilà donc le Très-Haut assis à la table de l’homme ; on mange, on dîne, Dieu et l’homme s’entretiennent avec familiarité.
Mais l’hospitalité accordée à Dieu ne peut rester sans récompense : Abraham reçoit aussitôt le prix de ses bons offices. Un fils est accordé au vieillard, une postérité à celui qui n’espérait plus en avoir ; le patriarche reçoit dans la vieillesse ce qu’il n’avait pu jamais obtenir dans sa jeunesse : Je reviendrai, dit Dieu, dans un an, et Sara aura alors un fils. Comme ils étaient vieux, et que le sein de Sara n’avait plus la force de concevoir, ils ne voulaient pas espérer ce bonheur, mais leur confiance leur fit ajouter foi à la promesse de Dieu qui disait : Je t’ai établi père de beaucoup de nations. Voyez cet homme : la loi n’a point encore été, ni écrite, ni promulguée, et cependant quelle religion il montre ! Juste dans sa conduite, il est encore plus recommandable par sa foi. Voici un vieillard marié qui n’a pas encore un seul fils, et cependant Dieu lui promet de le rendre père d’une multitude innombrable d’enfants. Les forces d’Abraham sont épuisées, et Dieu lui dit : Lève les yeux au ciel et compte les étoiles : aussi nombreuse sera ta descendance. Abraham crut à Dieu, et sa foi lui fut imputée à justice.