Sur Exode 5,1-6,1
Que chacun se prépare à partir au désert
Saint Athanase
24° lettre festale pour la Pâque de l’an 352

Chacun des saints a dû fuir la voie large et spacieuse, pour demeurer seul, à part, et vivre dans la vertu ; tels furent Elie, Elisée et le groupe entier des prophètes. Tel encore Jacob qui fut grand par son ascèse : il ne mérita la révélation des réalités célestes que lorsqu’il se retrouva seul après être parti de chez son père et avoir fui, au milieu de bien des épreuves, son frère Esaü.
Vous voyez ce que procurent à l’homme le désert et l’abandon des tumultes de la vie : l’amitié de Dieu. Ainsi Abraham, quand il sortit du pays des Chaldéens, fut appelé ami de Dieu. Le grand Moïse, lui aussi, lors de son départ du pays d’Egypte, c’est-à-dire des œuvres terrestres, parla avec Dieu face à face, fut sauvé des mains de ses ennemis et traversa le désert. Tous ceux-là sont l’image de la sortie des ténèbres vers la lumière admirable, et de la montée vers la ville qui est au ciel. Ils sont le type du vrai bonheur, et de la fête éternelle.
Quant à nous, nous avons auprès de nous cette réalité que les ombres et les types annoncèrent, je veux dire l’image du Père, notre Seigneur Jésus le Christ ; si nous le recevons comme nourriture en tout temps, et si nous marquons de son sang les portes de nos âmes, nous serons libérés des travaux de pharaon et de ses inspecteurs. Il s’agit évidemment, non des travaux décrits dans le livre même, mais des travaux qu’ils préfiguraient.
Que chacun se prépare donc avec un ardent désir à se rendre à cette fête ; qu’il écoute le Sauveur l’appeler, car c’est lui qui nous console tous et chacun en particulier. Que celui qui a faim vienne à Lui : il est le vrai pain. Que celui qui a soif vienne à Lui : il est la source d’eau vive. Que celui qui est malade vienne à Lui : il est le Verbe qui guérit les malades. Si quelqu’un est accablé par les fardeaux du péché et s’en repend, qu’il se réfugie à ses pieds : il est le repos et le salut. Que le pécheur aie confiance : il a dit : Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau ; moi, je vous procurerai le repos.