Sur Exode 6, 2-13
Moïse, figure du Christ
Eusèbe de Césarée
La démonstration évangélique, Livre III, chapitre 2

Moïse fut le premier chef du peuple juif. Ayant trouvé les fils d’Israël engagés dans les fausses doctrines du polythéisme égyptien, le premier il les en détourna, les amena à renoncer au culte des idoles. Le premier, il leur annonça la connaissance du Dieu unique en les invitant à adorer le seul Créateur et Auteur de l’univers. Le premier encore, il établit pour eux un chemin de vie sainte, se révélant ainsi comme le premier, l’unique législateur de leur communauté toute consacrée à Dieu.
Si Jésus Christ peut être approché de Moïse, il lui est de fait, incomparablement supérieur : c’est à toutes les nations qu’il a ouvert, lui, le premier la connaissance de la vraie religion ; le premier, il renversa l’idolâtrie à travers le monde entier ; le premier, il proposa à tous les hommes la science et l’adoration du Dieu unique, le Roi souverain ; le premier, il se montra l’initiateur et le législateur d’une vie nouvelle, d’une communauté fondée sur le service de Dieu.
Oui, Moïse, le premier, donna au peuple juif des enseignements sur l’origine du monde, l’immortalité de l’âme, et les autres principes de la sagesse. Mais Jésus Christ fut le premier à annoncer ces vérités à toutes les nations, grâce à ses disciples, et cela d’une manière vraiment divine. Moïse a confirmé par des miracles et des prodiges la religion qu’il avait annoncée. De même, le Christ s’est servi de signes merveilleux pour amener à la foi ceux qui les voyaient et pour rendre témoignage à la nouveauté de la prédication évangélique.
Par ailleurs, Moïse a fait passer le peuple juif de la dure servitude des Egyptiens à la liberté ; Jésus Christ, lui, a rappelé à la liberté tout le genre humain adonné au culte impie des idoles égyptiennes, sous la contrainte de démons pervers.
Mais est-il nécessaire de prolonger mon discours pour montrer que Moïse et Jésus, notre Sauveur et notre Seigneur, ont accompli des actions comparables ? Pour qui le désire, il serait bien facile d’en rassembler sans peine beaucoup d’autres. Si donc, sous tant d’aspects, seul notre Sauveur apparaît avoir accompli tant d’actions si proche de celles de Moïse, il ne nous reste plus qu’à le regarder, lui et lui seul.