Sur Exode 6, 29 – 7,25
Sur les dix plaies d’Egypte

Saint Augustin
Œuvres Complètes, tome 19, sermon 20, p. 532s

Moïse, en venant en Egypte, porte avec lui le bâton qui doit frapper les Egyptiens et leur infliger les dix plaies. Moïse représente la Loi qui a été donné à ce monde pour le corriger et le réformer par les dix plaies, je veux dire par les dix préceptes qui sont contenus dans le Décalogue. Moïse, en effet, représente la Loi : le Seigneur le déclare formellement dans l’évangile : Ils ont la Loi et les prophètes. Quant au bâton qui soumettra l’Egypte et abattra pharaon, il était le symbole de la croix du Christ qui a vaincu ce monde et a triomphé du prince de ce monde, des principautés et des puissances infernales. Ce bâton, jeté à terre, se change en dragon ou en serpent qui dévorent les serpents des Egyptiens ; mais le serpent est le symbole de la sagesse, selon cette parole : Soyez prudents comme des serpents. Aussi le bâton de Moïse, je veux dire la croix de Jésus Christ, après qu’elle fut descendu sur la terre, c’est-à-dire qu’elle eut été crue et acceptée par les hommes, fut changée en sagesse, et en une sagesse si profonde qu’elle absorba toute la sagesse des Egyptiens, en d’autres termes, toute la sagesse de ce monde.
Que les eaux du Nil aient été changées en sang, c’est un châtiment convenable. N’était-il pas juste que ce fleuve, dans lequel les Egyptiens faisaient périr d’une mort cruelle les enfants des Hébreux, donnât un breuvage ensanglanté aux auteurs de ce crime, et que ceux-ci fussent obligés de goûter le sang de ces eaux infectes, qu’ils avaient souillées par d’horribles infanticides ?
Quant à la seconde plaie qui fut l’invasion des grenouilles, je pense qu’on peut y voir la figure des chants des poètes, qui avec leur vaine et emphatique harmonie, assez semblable aux chants et aux cris des grenouilles, ont introduit dans ce monde des fables erronées. Car la grenouille n’est utile à rien, sinon à déchirer et à importuner les oreilles par ses coassements.