Sur Nombres 3,1-13 . 8,5-11
Les prêtres, leurs fonctions

Saint Jérôme
Lettres, tome II, Lettre 52 au prêtre Népotien, n° 5-7, p. 177s

Le clerc qui est au service de l’Eglise du Christ doit d’abord bien saisir le sens du nom dont on l’appelle ; puis, une fois ce nom défini, s’efforcer de réaliser dans sa vie ce qu’il signifie. Ce terme de clerc vient du grec cléros qui veut dire lot attribué par le sort, par part d’héritage. Les clercs sont appelés ainsi parce qu’ils sont la part du Seigneur et que le Seigneur lui-même est leur part, c’est-à-dire leur héritage.
Celui qui se définit comme la part du Seigneur et dont le Seigneur est la part, doit se montrer tel qu’il puisse posséder le Seigneur et être possédé par lui. Qui possède ainsi le Seigneur et peut déclarer avec le prophète : Mon partage, c’est le Seigneur, celui-là ne doit rien avoir en dehors du Seigneur : s’il a quelque chose d’autre, le Seigneur ne sera pas son partage.
Par ailleurs, si moi je suis le lot du Seigneur et sa part d’héritage, si je vis des dîmes en tant que lévite et prêtre, si, puisque je sers l’autel, l’offrande faite sur l’autel pourvoit à sa subsistance, je devrai m’estimer content lorsque j’aurai nourriture et vêtement : ainsi nu, je suivrai la croix nue.
Lis très souvent les Ecritures ou plutôt que jamais tes mains n’abandonnent le texte sacré. Etudie ce que tu dois enseigner. Attache-toi à la parole de la foi, conforme à la doctrine, pour que tes exhortations puissent reposer sur la saine doctrine et réfuter victorieusement les contradicteurs ; attache-toi à ce que l’on t’a appris, à ce qu’on t’a confié, sachant de qui tu l’as appris, toujours prêt à donner satisfaction à qui te demandera raison de l’espérance qui habite en toi. Que tes œuvres ne fassent pas honte à ton langage, en sorte que, tandis que tu parles à l’Eglise, nul ne puisse répondre en son for intérieur ; et pourquoi donc ne fais-tu pas toi-même tout cela ? C’est un plaisant maître, celui qui, le ventre plein, disserte sur le jeûne. Condamner la cupidité, un voleur le peut aussi. Mais chez le prêtre du Christ, que la conscience et la bouche soit d’accord !
Sois soumis à ton évêque, considère-le comme le père de ton âme ; aimer est le propre des fils. Si je suis un père, dit Dieu, où est mon honneur ? Et si je suis un maître, où est ma crainte ? Que les évêques sachent qu’ils sont des prêtres, non des maîtres. Qu’ils honorent les clercs comme des clercs leur témoignant de la déférence comme à des évêques. Ce qu’Aaron est pour ses fils, l’évêque l’est pour ses prêtres, sachons-le bien : un seul Seigneur, un seul temple, qu’il n’y ait aussi qu’un seul clergé.