Sur Actes des Apôtres 23, 12-35
L’Esprit Saint
Hans Urs von Balthasar
Credo, p. 90s

De tout temps, la chrétienté a cru à l’Esprit Saint et à sa divinité. En Dieu, l’Esprit est le plus mystérieux : Tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. Il peut certes faire l’objet d’un énoncé établissant fermement son existence, mais il ne peut pas être enserré dans des concepts figés. Il est significatif que, sur ce mystère, la querelle entre Eglise orientale et Eglise occidentale ne s’est jamais apaisée.
Que l’Esprit Saint est Dieu, c’est ce que dit en latin le petit mot in, Credo in Spiritum. Car il veut dire : je me remets dans la foi au mystère saint et sauveur de l’Esprit. Certainement pas à une puissance impersonnelle, car il ne peut rien y avoir de ce genre en Dieu, mais à un insaisissable Quelqu’un, qui est un Autre encore que le Père et le Fils. Et dont la propriété sera d’opérer, selon la liberté divine, à l’intérieur de l’Esprit libre de l’homme, et d’ouvrir les profondeurs de Dieu, qu’il est seul à sonder, à notre propre condition de toutes parts limitée : Nous avons reçu l’Esprit qui vient de Dieu, afin de connaître les dons que Dieu nous a faits.
A lui qui est le plus tendre, le plus vulnérable, le plus précieux en Dieu, il nous faut nous ouvrir sans opposer de résistance, en abdiquant toute prétention, sans nous durcir, afin d’obtenir de lui l’initiation au mystère : Dieu est amour. Ne nous imaginons pas que nous le savons déjà par nous-mêmes ! En cela consiste son amour : ce n’est pas qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés. L’Esprit seul nous enseigne ce retournement de la perspective, mais par lui nous pouvons effectivement apprendre ce que, selon ses vues, est l’amour.
Cette Réalité qui en Dieu agit de manière libre et pour nous insaisissable, est nommée Pneuma : souffle, vent ou tempête (comme à la Pentecôte) ; le Ressuscité l’insuffle à ses disciples. A partir de là, faute d’une meilleure désignation, son surgissement en Dieu est désigné comme un « être spiré ». Quelque chose qui provient de plus intime de Dieu, puisqu’il est dit du Crucifié qu’en mourant il a « remis » son Esprit. Et le plus intime de Dieu n’est-il pas l’amour, et donc l’Esprit n’est-il pas présent partout où le plus intime se manifeste ?