Sur Galates 1,15 – 2,10
Pierre et Paul
Saint Augustin
Sermon 295, 1-3, p. 549s

Ce jour est un jour consacré pour nous par le martyre des bienheureux apôtres Pierre et Paul. Il ne s’agit pas ici de quelques martyrs obscurs : L’éclat de leur voix s’est répandu dans tout l’univers, et leurs paroles ont retenti jusqu’aux extrémités de la terre (Psaume 18,5). Ces martyrs ont vu de leurs yeux ce qu’ils ont prêché, ils ont suivi la justice, confessé la vérité, et sont morts pour la vérité.
Saint Pierre est le premier des apôtres ; plein d’un amour ardent pour Jésus Christ, il mérita d’entendre le Sauveur lui dire : Et moi, je te dis que tu es Pierre. Pierre lui avait dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Et Jésus Christ lui répond : Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise (Matthieu 16,18). J’établirai la foi sur cette pierre que tu viens de confesser. Oui, je bâtirai mon Eglise sur cette confession : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Car tu es Pierre. Le nom de Pierre vient de la pierre, et non de la pierre du nom de Pierre. Le nom de Pierre vient de la pierre comme le nom de chrétien vient du Christ. Voulez-vous savoir de quelle pierre vient le nom de Pierre ? Ecoutez saint Paul : Vous ne devez pas ignorer, mes frères, c’est l’Apôtre du Christ qui parle, vous ne devez pas ignorer que nos pères ont tous été dans la nuée, qu’ils ont tous passé la Mer Rouge, et qu’ils ont tous été baptisés sous la conduite de Moïse dans la nuée et dans la mer, qu’ils ont tous mangé la même viande mystérieuse, qu’ils ont tous mangé le même pain venu du ciel, la manne, qu’ils ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient de l’eau de la pierre spirituelle qui les suivait, et cette pierre était Jésus le Christ (1 Corinthiens 10, 1). Voilà d’où vient le nom de Pierre.
Considérons maintenant Paul, qui vient de Saul, le loup changé en agneau, ennemi d’abord, et puis apôtre, le persécuteur devenu ensuite prédicateur. Qu’il vienne, qu’il reçoive des lettres qui l’autorise, partout où il trouvera des chrétiens, à les amener prisonniers, à les conduire au supplice. Il allait, comme disent les Actes, respirant le meurtre et le carnage. C’est alors que le Seigneur lui crie du haut des cieux : Saul, Saul pourquoi me persécutes-tu ? Il t’est dur de regimber contre l’aiguillon. C’est toi-même que tu blesses, car ton Eglise s’accroit par les persécutions. En un instant, Saul est totalement changé, il attend l’ordre qui lui sera donné, il dépose tout sentiment de haine, et se prépare à obéir. Dieu lui apprend alors ce qu’il doit faire.