sur Matthieu 20, 20-28
A la suite de Jésus

Père Claude Flipo
Hommes et femmes du Nouveau Testament, 50 portraits bibliques, p.148s

La mère de Jacques et de Jean, s’approchant de Jésus avec ses deux fils, se prosterna devant lui pour exprimer sa requête. Elle venait d’entendre de la bouche de Jésus la promesse qu’il avait faite aux Douze après le départ du jeune homme riche : Quand le Fils de l’homme siègera sur son trône de gloire, vous qui m’avez suivi, vous siègerez vous aussi sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël.
A ces mots, le cœur de la maman s’était enflammé de fierté et d’ambition. Ses deux fils n’étaient-ils pas l’objet d’une attention toute particulière du Maître, de celui qu’elle aussi regardait maintenant comme étant le Christ. N’avaient-ils été choisis par Jésus, avec Pierre, pour l’accompagner jusque dans la maison de Jaïre, et aussi pour être les témoins de sa transfiguration ? N’étaient pas tous les deux prédestinés ? D’ailleurs, ils avaient été les tout premiers, avec Simon et André, à le suivre. Elle s’en souvenait comme d’hier : les frères étaient avec leur père Zébédée dans la barque, en train d’arranger les filets ; or, à l’appel de Jésus, ils avaient laissé leur père et leur barque pour le suivre, sans même passer à la maison lui dire au-revoir.
Comment une telle mère ne s’intéresserait-elle pas au sort de ses deux fils ? Ayant entendu la promesse de Jésus aux Douze, elle cherchait donc une occasion de réaliser pour ses fils son ambition noble et généreuse. Après les avoir convaincus d’oser la demande, elle profita d’une halte, se prosterna devant lui, et dit : Ordonne que dans ton royaume mes deux fils que voici siègent l’un à ta droite et l’autre à ta gauche. Jésus répondit : Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? Ils lui dirent : Nous le pouvons.
Ils avaient une folle audace, ces deux frères, audace inspirée par leur attachement passionné à la personne de Jésus et par leur volonté délibérée de le suivre jusqu’au bout. S’en était trop ! Leur ambition, sous couleur d’un noble service, suscite l’indignation des dix autres, et une leçon de Jésus dont ils se souviendraient. Les ayant tous appelés près de lui, Jésus leur dit : Si quelqu’un parmi vous veut être grand, qu’il soit votre serviteur. Et si quelqu’un veut être le premier, qu’il se fasse votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servir, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude.
Le langage est net, sans ambages. L’Esprit de Jésus, l’Esprit qu’il les prépare à recevoir et qui doit inspirer leur façon d’exercer l’autorité, est en contradiction avec l’esprit du monde. Pas de concession possible ! Pas de petits royaumes privés, pas de petits pouvoirs réservés dans le Royaume des Cieux !