Sur Tite 3, 5-15
Ce n’est pas le don que je cherche, c’est le fruit abondant qui en résulte
Saint Jean Chrysostome
Homélies sur la lettre à Tite, Homélie VI, OC XX, p. 54s

Après les avoir entretenus de l’amour de Dieu pour son ineffable sollicitude envers nous, de ce qu’il nous a faits, l’Apôtre poursuit en ces termes : Je veux vous affermir dans cette conviction, qu’ils doivent se mettre à la tête des bonnes œuvres ceux qui croient en Dieu. Voilà ce dont il faut leur parler, et de la sorte les exhorter à l’aumône. Ce n’est pas seulement pour leur enseigner l’humilité, nous tenir dans la modestie, nous faire respecter les autres, que les choses dites doivent nous servir : elles nous mènent à la pratique de toutes les vertus. Réfléchissant à la prévoyante bonté de Dieu, à son incommensurable amour pour les hommes, il les exhorte à la charité, non en passant et comme manière d’acquit, mais avec quelle vigueur. Ils doivent présider aux bonnes œuvres : secourir les victimes de l’injustice, protéger les veuves et les orphelins, rendre à tous ceux qu’on opprime le calme et la sécurité. Voilà ce qu’il entend par se mettre à la tête des bonnes œuvres. C’est le bien réel, ce qui est vraiment utile aux hommes. Les vaines questions : les généalogies, les contentions, les disputes concernant la loi, fuyez-les ; elles sont superflues et stériles. Que faut-il entendre par ces généalogies ? Peut-être fait-il allusion aux Juifs qui, s’enorgueillissant d’avoir Abraham pour père, négligeaient leurs propres devoirs. De là vient qu’il appelle ces questions insensées et stériles, car rien n’est plus insensé que de se fier à ce qui ne sert de rien.
Que nos frères apprennent à promouvoir les œuvres de bien pour les choses nécessaires, afin qu’ils ne soient pas des êtres infructueux. Voyez comme l’Apôtre se préoccupe de ceux qui donneront bien plus que de ceux qu’ils devront recevoir ! J’ai souci de nos frères, déclare Paul. Le Christ, après avoir nourri cinq mille personnes avec cinq pains ne pouvait-il pas se nourrir lui-même et nourrir ceux qui l’accompagnaient ? Pourquoi recevait-il les soins et les secours des saintes femmes qui le suivaient et le servaient ? il nous apprenait par son exemple combien il estime ceux qui donnent ainsi. Paul ne pouvait-il pas lui-même se mettre à l’abri de rien accepter, lui qui fournissait au besoin des autres par le travail de ses mains ? Vous le voyez cependant qui reçoit et demande ; sachez dans quel but : Ce n’est pas le don que je cherche, c’est le fruit abondant qui doit en résulter pour vous.