Sur Luc 14, 1-14
« Quiconque s’humiliera sera élevé »
Saint Jean Bar Kaldoun
Dans Doctrine de Rabban Youssef Bousnaya, l’Evangile au Désert, p. 286s

Rabban Youssef disait : Il faut, mon fils, que ton labeur s’accomplisse devant Dieu, dans une pleine ferveur, exempté de tout relâchement. Humilie-toi toi-même, comme il convient, devant Dieu, en secret, pour qu’il te rende digne du don sublime dont tu es indigne. Humilie toi aussi devant tes frères, en public, afin que la bénédiction du Seigneur repose sur toi. Songe en toi-même que tes frères valent mieux que toi aux yeux de Dieu. Fais-toi le plus petit, le plus vil, le dernier de tous, secrètement et publiquement. Prends garde à toi et sois vigilant, afin de ne pas être capturé par le Mauvais. Ne te glorifie pas de ce que tu as reçu, et par là tu apprendras aussi l’obéissance simple. Il n’y a point, en effet, d’obéissance sans humilité, ni de vie vertueuse sans obéissance. Sois humble, mon fils, afin d’acquérir l’obéissance qui te fera régner au-dessus de tout ce qui est sur la terre. Vois, mon fils, ne méprise pas ce que je t’ai dit. L’humilité est la mère de l’obéissance, elle est la première des vertus que l’homme doit pratiquer.
Nous avons là-dessus le témoignage véridique du bienheureux apôtre qui, voulant montrer la grandeur de la vertu qu’a fait paraître en ce monde le Christ notre Seigneur, laisse de côté toutes les vertus de celui qui est l’ensemble même des vertus, et s’empresse de parler de cette mère de l’obéissance, de cette nourrice de toutes les vertus, en disant : Il s’est humilié lui-même et a été obéissant jusqu’à la mort. Il était, en effet, impossible qu’il fit paraître cette obéissance jusqu’à la mort, en se donnant lui-même volontairement pour tous, sans une parfaite humilité. Celui donc qui devait volontairement subir la mort pour tous, lui le Temple de la divinité, s’est humilié lui-même avec une humilité admirable. Il a obéi à son Père qui l’envoya dans le monde afin que le monde vive par lui. Et il s’est livré lui-même à une mort terrible. A quelle mort s’est-il livré lui-même, dans son obéissance à son Père, ô bienheureux apôtre ? A la mort de la croix ! Notre Seigneur s’est livré lui-même pour tous à la mort ignominieuse, au supplice de la croix.
Et qu’a-t-il reçu de son Père en échange de cette entière obéissance, ô prédicateur véridique ? A cause de cela Dieu a accru son exaltation. Il lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, il l’a fait asseoir à sa droite dans la gloire. Il l’a doté de la puissance de sa majesté. Il l’établi héritier des mondes, de sorte qu’au nom de Jésus tout genou fléchit et adore, au ciel parmi les invisibles, et aussi ici-bas parmi les êtres raisonnables. Et toute langue confesse que Jésus Christ est le Seigneur dans la gloire de Dieu son Père.
Vois, mon fils, jusqu’à quel honneur élève et grandit l’obéissance qui vient de l’humilité. Humilie-toi, mon fils, afin d’être élevé selon la parole du Sauveur.