Sur 1 Timothée 5, 3-25
La foi et les œuvres

Saint Jean Chrysostome
Homélie sur la première lettre à Timothée, homélie 14, OC 19, 1

Il en est beaucoup qui pensent que la vertu leur suffit pour se sauver, et qu’ils ne manquent de rien, pourvu qu’ils règlent bien leur vie. Ils se trompent, nous en avons la preuve par celui qui avait enfoui le talent qu’on lui avait confié et qu’il rendit tel qu’il l’avait reçu. Nous la trouvons aussi cette preuve chez l’Apôtre Paul, lorsqu’il dit : Si quelqu’un n’a pas soin des siens. Il entend par là tous les soins qui regardent l’âme aussi bien que le corps, car ce soin dont il parle est une véritable providence. Si quelqu’un n’a pas soin des siens, et particulièrement de ceux de sa maison, c’est-à-dire les membres de sa famille, il est pire qu’infidèle. C’est aussi ce que nous enseigne Isaïe, le coryphée des prophètes : Ne méprisez point votre propre chair. Comment, en effet, serait-il bienveillant envers les autres celui qui méprise ses parents et ses proches ? Ne mettra-t-on pas sur le compte de la vanité tout le bien qu’il fait à autrui, s’il méprise les siens et se montre pour eux sans pitié ? Que dire, s’il prend soin d’instruire les autres, tandis qu’il néglige les siens et les laisse dans l’erreur, lorsqu’il serait plus facile et plus équitable de veiller sur eux ? N’aurait-on pas le droit de se demander si ce sont de vrais chrétiens, ceux qui méprisent ainsi leurs parents ? Celui-là est pire qu’un infidèle, ajoute l’Apôtre. Pourquoi ? Parce que l’infidèle, méprisât-il les autres, n’agit pas ainsi avec les siens. Cela signifie que celui qui abandonne les siens viole la loi divine et la loi naturelle.
Or, si celui qui n’a pas soin de ceux de sa maison a renoncé à sa foi, il est pire qu’un infidèle ; comment qualifier celui qui commet une injustice envers ceux de sa maison ? A qui le comparer ? Mais comment a-t-il renoncé à la foi ? Ils font profession de connaître Dieu, mais ils le renient par leurs œuvres, écrivait Paul à Tite (1,16). Qu’a donc ordonné Dieu en qui l’on croit ? De ne pas mépriser sa propre chair. Mais comment celui qui nie Dieu, pourrait-il croire en lui ? Comprenons bien, nous tous qui, par économie, ne faisons point cas des personnes de notre maison ; Dieu a permis les liens de la parenté, pour que nous eussions plus d’occasions d’exercer la charité. Quand donc vous ne faites pas ce que font les infidèles, n’avez-vous pas renoncé à la foi ? Il ne suffit pas de faire profession de foi pour être fidèle, il faut aussi produire des œuvres.