Sur 2 Timothée 1, 1-18
L’Esprit, force de l’Evangile
Saint Jean Chrysostome
Homélie sur la II° lettre à Timothée, Homélie 1, 2, OC 19, p. 521s

Tu dois raviver le don de Dieu qui est en toi, don que tu as reçu lors de l’imposition des mains. De là, on peut comprendre la tristesse, le découragement du disciple. Paul semble lui dire : Ne pense pas que je te méprise, non, je ne te blâme pas, et ton souvenir est toujours dans mon cœur ; à défaut d’autre, souviens-toi de ton aïeule et de ta mère. Je connais la sincérité de ta foi et c’est pour cela que je t’avertis. Tu as besoin d’être fervent pour ressusciter la grâce de Dieu. Le zèle est l’aliment de la grâce, comme le bois celui du feu. D’ailleurs le verbe utilisé ici, raviver, désigne l’action de ranimer le feu, de l’attiser. Timothée semble en effet atteint par la peur et le découragement. Il dépend de nous d’allumer, comme d’éteindre ce feu ; aussi l’Apôtre dit dans un autre endroit : N’éteignez pas l’Esprit (1 Th 5,19). Ce feu s’éteint par la nonchalance, et la lâcheté, il s’embrase de plus en plus par la vigilance et l’attention. Il est en vous, ce feu, mais il vous appartient de le rendre plus vif, c’est-à-dire alimentez-le avec la confiance, la joie et l’allégresse. Résistez courageusement, ne faiblissez pas. Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais un esprit de courage, d’amour et de sagesse ; c’est-à-dire nous n’avons pas reçu l’Esprit pour vivre contractés par la peur, mais pour parler avec hardiesse, pour agir avec confiance. Car il donne à beaucoup l’esprit de la peur, comme il est dit dans le livre des Rois à propos des guerres : L’esprit de terreur tomba sur eux (Ex 15,16). C’est-à-dire, il leur inspira de la terreur. Mais vous, au contraire, il vous a donné l’Esprit de force et d’amour pour lui. C’est donc là un effet de la grâce, mais non de la grâce seule ; il faut que nous commencions par faire ce qui dépend de nous. Cet Esprit qui fait que nous crions : Abba, Père, nous inspire aussi l’amour pour lui, et l’amour pour le prochain, afin que nous nous aimions les uns les autres. Car de la force de l’intrépidité naît la charité. Rien ne dissout l’amitié comme la timidité et l’appréhension de la trahison. Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais un esprit d’amour, de force et de sagesse.