Sur Luc 1, 39-56
La Théotokos, pourrait-elle tomber au pouvoir de la mort ?
Saint Jean Damascène
Homélie sur la Dormition de Notre Dame, n° 2-3

Aujourd’hui l’arche sacrée et vivante du Dieu vivant, celle qui a conçu en son sein son Créateur, se repose dans le Temple du Seigneur non fait de main d’homme, et David, son ancêtre, et l’ancêtre de Dieu, exulte. Avec lui dansent les Anges, les Archanges célèbrent en chœur, les Vertus rendent gloire, les Principautés tressaillent, les Dominations jubilent, les Puissances se réjouissent, les Trônes sont en fête, les Chérubins chantent des louanges, les Séraphins proclament : Gloire !
Car ce n’est point pour eux une faible gloire, que de glorifier la Mère de la gloire.
Aujourd’hui, l’Eden du nouvel Adam accueille le paradis spirituel, où la condamnation est effacée, où l’arbre de vie est planté, où fut revêtue notre nudité.
Aujourd’hui la Vierge sans tache, qui n’a pas entretenu d’affection terrestre, mais s’est nourrie des pensées du ciel, n’est pas retournée à la terre : comme elle était un ciel vivant, elle fut placée dans les tabernacles célestes.
Qui donc en effet manquerait à la vérité en l’appelant un ciel ? On pourrait dire aussi, avec justesse et intelligence, qu’elle dépasse les cieux eux-mêmes par d’incomparables privilèges. Car celui qui a construit les cieux et qui les contient, l’artisan de toute la création visible et invisible, qui n’est dans aucun lieu, parce qu’il est lui-même le lieu de tous les êtres, s’est fait petit enfant, sans semence humaine : il a fait d’elle la spacieuse demeure de sa divinité.
Celle qui pour tous fut la source de la vraie vie, comment tomberait-elle au pouvoir de la mort ? Elle qui conçut la Personne du Verbe de Dieu qui remplit tout, elle qui fut unie à Dieu dans tout son être, comment la mort pourrait-elle l’engloutir, l’Hadès se fermer sur elle ?
Non, celle-ci n’a pas connu les sombres descentes de l’Hadès, mais la voie vers le ciel, droite, unie et facile, lui a été préparée. Si le Christ, qui est la Vérité et la Vie a dit : Où je suis, là aussi sera mon serviteur, comment sa Mère bien davantage n’habiterait-elle pas avec lui ?