Sur Judith 8,1 . 9-36
Sur la crainte de Dieu

Saint Augustin
Sermons au peuple, 3ème série, sermon 347, chapitre I, OC 19, p. 165s

Judith craignait Dieu grandement, nous dit le livre qui porte son nom. La crainte de Dieu nous est fréquemment recommandée ; les Saintes Ecritures nous rappellent combien il est utile de craindre Dieu. Souffrez que, dans cette multitude innombrable de témoignages, j’en choisisse quelques-uns. Qui n’est heureux d’être sage, ou qui ne désire de l’être, s’il ne l’est pas encore ? Mais que dit l’Ecriture ? Le commencement de la sagesse est la crainte du Seigneur, dit le Psaume 110,10, ainsi que l’Ecclésiastique 1,16. Qui ne serait enchanté de régner ? Or, écoutons ce que l’Esprit nous dit par la bouche du psalmiste : Et maintenant, ô rois, comprenez, instruisez-vous, vous qui jugez la terre. Servez le Seigneur avec crainte, et réjouissez-vous avec tremblement (Psaume 2,10-11). L’Apôtre fait la même recommandation : Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement (Philippiens 2,12). Il est encore écrit : Si tu désires la sagesse, conserve la justice, et Dieu te la donnera (Ecclésiastique 1,33). Nous en rencontrons beaucoup, en effet, qui pleins d’indifférence pour la justice, désirent ardemment la sagesse. La Sainte Ecriture leur apprend qu’ils ne peuvent parvenir à ce qu’ils désirent qu’en s’appliquant fidèlement à ce qu’ils négligent. Conservez la justice, et Dieu vous donnera cette sagesse que vous désirez. Mais qui peut, sans crainte de Dieu, garder la justice ? Car il est dit, dans un autre endroit : Sans la crainte de Dieu, il est impossible d’être justifié (Ecclésiastique 2,1-18). Or, si le Seigneur n’accorde la sagesse qu’à celui qui garde la justice, et si, d’un autre côté, il est impossible d’être justifié sans la crainte de Dieu, il faut revenir à cette vérité des libres Saints : La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse.
Le prophète Isaïe, énumérant ces sept dons si connus de l’Esprit de Dieu, commence par la sagesse pour parvenir jusqu’à la crainte du Seigneur ; il a voulu, ce semble, descendre jusqu’à nous, pour nous apprendre à nous élever. Il a donc commencé par le terme où nous voulons parvenir, et il est arrivé ainsi au degré par lequel nous devons commencer. L’Esprit de Dieu reposera sur lui, l’Esprit de sagesse et d‘intelligence, l’Esprit de conseil et de force, l’Esprit de science et de la piété, l’Esprit de crainte du Seigneur (Isaïe 11,2-3).