Judith 12,1 – 13,3
Les dix noms par lesquels, chez les Hébreux, on désigne Dieu
Saint Jérôme
Lettres de saint Jérôme, Tome II, Lettre 25 à Marcella, p. 13s

En expliquant le psaume 90, au passage Qui habite à l’abri du Très-Haut, demeurera à l’ombre du Dieu du ciel, j’avais dit : Chez les Hébreux, au lieu du Dieu du ciel, il y a Saddaï, mot que nous pouvons entendre ainsi : robuste et capable de tout accomplir. C’est l’un des dix noms par lesquels, chez eux, on désigne Dieu. Aussitôt, tu m’as très instamment sollicité t’adresser tous ces noms avec leur traduction. Je vais faire ce que tu m’as demandé.
Le premier nom de Dieu est El, que les Septante traduisent Dieu ; mais Aquila, qui exprime l’étymologie de ce mot, traduit par fort.
Ensuite Eloim et Eloe, ce qui est le même mot que Dieu.
Quatrième nom, Sabaoth ; les Septante ont traduit Des vertus, Aquila Des armées.
Cinquième nom, Elion, que nous traduisons Elevé.
Sixième nom eser ieie, que l’on lit dans l’Exode Celui qui est m’a envoyé.
Septième nom, Adonai, que nous appelons généralement Seigneur.
Huitième nom, ia, qui n’est attribué qu’à Dieu ; on l’entend aussi de la dernière syllabe d’Alleluia.
Neuvième nom, le tétragramme, qu’ils ont estimé traduire par ineffable. Il s’écrit par les lettres hébraïques : yod, he, vau, he ; cet ensemble n’a pas été compris par certains ; à cause de la ressemblance des traits qui composent ces quatre lettres, et quand ils ont rencontré ces quatre consonnes dans les livres grecs, ils ne les ont pas lu dans un sentiment de respect pour le Judaïsme de la basse époque qui ne voulait pas prononcer le nom divin révélé à Moïse..
Le dixième nom, cité plus haut, c’est Saddaï, et il n’est pas accompagné de traduction dans le texte d’Ezéchiel.
Il faut savoir qu’Eloim est de nombre commun, c’est-à-dire qu’il peut désigner le Dieu unique ou plusieurs dieux. Pareillement les cieux, ou le ciel s’appellent de même : samain, d’où de nombreuses variantes dans les traductions.