Sur Sagesse 3, 1-19
Les justes et les impies
Père Divo Barsotti
Le Livre de la Sagesse, p. 30s

Les âmes des justes sont dans la main de Dieu. Quelle est donc la vie du juste ? Sa position ici-bas paraît inférieure à celle de l’impie, et pour finir l’un comme l’autre aboutissent à la mort. Mais l’enseignement du Livre de la Sagesse est que le juste, après la mort, vivra la vraie vie, vivra sa communion avec Dieu lequel est éternel. Le Livre de la Sagesse ne parle pas d’une résurrection des morts qui ne viendra qu’à la fin, mais il révèle de manière explicite et solennelle l’immortalité. Le juste vit au-delà de la mort. La mort, pour les uns et pour les autres, devient un jugement manifestant ce qu’ils sont réellement ; car la vie ici-bas est plutôt apparence que réalité, et les biens auxquels les hommes s’attachent sont vanité. La mort frappe les uns et les autres, mais pour les justes seuls elle est suivie de la « paix », car ils sont dans les mains de Dieu. Ils ont choisi Dieu : Dieu est maintenant leur récompense ; ils ont choisi Dieu, et maintenant ils vivent en Dieu une vie immortelle. Pas plus que Dieu ne dort, ils ne dorment ; mais comme Dieu, ils sont dans la paix ; la paix, suivant la conception hébraïque, implique la possession de tous les biens. Ainsi les justes possèdent tous les biens, comme Dieu. Telle est la vision de la vie de l’au-delà de la mort pour ceux qui ont été fidèles, pour ceux qui ont choisi Dieu.
A l’opposé, la vie des impies : ils ont ce qu’ils avaient choisi, Dieu lui-même ne saurait leur donner autre chose. Car nous concevons le jugement divin d’une manière trop anthropomorphique, comme si Notre Seigneur appelait les uns au paradis, les autres à l’enfer. Ce n’est pas ainsi que les choses se passent, mais l’homme possède ce qu’il a voulu : s’il s’est cramponné à de vains espoirs, les choses vaines et caduques tombent à la mort, et rien ne reste plus à l’homme, il vit la mort. Car la vie de l’impie est immortelle, elle aussi : il ne meurt pas, lui non plus, mais « ne pas mourir » signifie pour lui « vivre seulement la mort ». il ne possèdera pas la vie, ne la connaîtra pas ; il ne connaîtra pas la paix, il ne règnera pas : il ne vivra pas la vie, mais seulement la mort éternelle, la solitude, le vide. Les impies restent une simple capacité que rien ne pourra plus remplir, pendant toute l’éternité. Car Dieu est éternel, et ils l’ont exclu de leur horizon.