Sur Siracide 6, 5-37
Les Mystère Lumineux
Saint Jean-Paul II
Lettre Apostolique : Le Rosaire de la Vierge Marie, p. 34s

Passant de l’enfance de Jésus et de la vie à Nazareth à sa vie publique, nous sommes amenés à contempler ces mystères que l’on peut appeler à titre spécial mystères de lumière ou mystères lumineux. En réalité, c’est tout le mystère du Christ qui est lumière, mais cette dimension est particulièrement visible durant les années de sa vie publique, lorsqu’il annonce l’Evangile du Royaume.
Le Baptême au Jourdain est avant tout un mystère de lumière. En ce lieu, alors que le Christ descend dans les eaux du fleuve comme l’innocent qui se fait péché pour nous, les cieux s’ouvrent et la voix du Père le proclame son Fils bien-aimé, tandis que l’Esprit descend sur Lui pour l’investir de la mission qui l’attend.
Le début des signes à Cana est un mystère de lumière au moment où le Christ, changeant l’eau en vin, ouvre le cœur des disciples à la foi grâce à l’intervention de Marie, la première des croyantes.
C’est aussi un mystère de lumière que la prédication par laquelle Jésus annonce l’avènement du Royaume de Dieu et invite à la conversion, remettant les péchés de ceux qui s’approchent de Lui avec une foi humble ; ce ministère de miséricorde qu’il a commencé, il le poursuivra jusqu’à la fin des temps, principalement à travers le sacrement de réconciliation confié à son Eglise.
La Transfiguration est le mystère de lumière par excellence. La gloire de la divinité resplendit sur le visage du Christ, tandis que, aux Apôtres en extase, le Père le donne à reconnaître pour qu’ils l’écoutent et qu’ils se préparent à vivre avec Lui le moment douloureux de la Passion, afin de parvenir avec Lui à la joie de la Résurrection et à une vie transfigurée par l’Esprit Saint.
Enfin, c’est un mystère de lumière que l’institution de l’Eucharistie dans laquelle le Christ se fait nourriture par son Corps et par son Sang sous les signes du pain et du vin, donnant jusqu’au bout le témoignage de son amour pour l’humanité, pour le salut de laquelle il s’offrira en sacrifice.
Dans ces mystères, à l’exception de Cana, Marie n’est présente qu’en arrière fond. Les Evangiles ne font que quelques brèves allusions à sa présence occasionnelle à un moment ou à un autre, et ils ne disent rien à propos de son éventuelle présence au moment de l’institution de l’Eucharistie. Mais la fonction qu’elle remplit à Cana accompagne, d’une certaine manière, tout le parcours du Christ. La révélation qui, au moment du Baptême au Jourdain, est donnée directement par le Père et dont le Baptiste se fait l’écho, est sur ses lèvres à Cana et devient la grande recommandation que la Mère adresse à l’Eglise de tous les temps : Faites tout ce qu’il vous dira.