sur Siracide 5,1 – 6,4
Le commandement nouveau

Saint Ludolphe le Chartreux
Le chemin, la Vérité et la Vie, Le dernier discours de Jésus, p. 30s

Je vous donne un commandement nouveau qui vous disposera à marcher sur mes traces, c’est de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés.
Telle est la voie par laquelle nous devons suivre notre divin maître. Ce commandement n’est pas nouveau quant à sa substance, car il existait dans l’ancienne Loi qui prescrivait d’aimer son prochain, non toutefois jusqu’à mourir pour lui, mais il est nouveau quant au mode, car Jésus-Christ nous ordonne de nous aimer réciproquement comme lui-même nous a aimés, en daignant sacrifier sa vie même pour nous. Ainsi, quand un vin vieux a perdu sa couleur et son goût, on le renouvelle en y mêlant du vin nouveau très fort qui lui rend bientôt sa teinte et sa saveur. De même aussi, le commandement de la charité avait tellement vieilli qu’il semblait tomber en désuétude, mais la Passion du Sauveur, comme un ferment très énergique de l’amour le plus généreux, est venue lui rendre toute sa vigueur. Il est également appelé nouveau à cause de ses effets, parce qu’il renouvelle l’âme en détruisant le vieil homme, car une ardente charité consume les mauvaises passions qu’elle remplace par des affections très pures.
Par là, par l’accomplissement de ce précepte, comme à un caractère qui m’est propre, tous connaîtront clairement que vous êtes mes disciples, instruits par mes leçons et formés par mes exemples. Ils vous jugeront tels, non point en vous voyant chasser les démons ou opérer d’autres merveilles, mais si vous avez de l’amour les uns pour les autres, car c’est là ce que je désire de vous principalement.
Quiconque s’enrôle sous les drapeaux d’un roi, n’en doit-il pas porter les insignes ? Or, les insignes du Christ sont celles de la charité. Celui donc qui veut se ranger parmi les soldats du Christ doit se revêtir des livrées de la charité. C’est là mon commandement que vous vous aimiez mutuellement comme je vous ai aimés, faisant aux autres ce que vous voudriez qu’on fit à votre égard, et ne leur faisant point ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fît à vous-mêmes.