Sur Apocalypse 1,4 – 3,21
La gloire du Christ

Saint Grégoire de Nysse
Discours V sur la Pâque, p. s

Béni soit Dieu ! Célébrons aujourd’hui le Fils unique, le Créateur des cieux, qui est remonté après être descendu au profond des enfers et couvre aujourd’hui la terre entière de ses rayons éclatants. Célébrons l’ensevelissement du Fils unique, la résurrection du vainqueur, la joie du monde et la vie des peuples de l’univers. Célébrons aujourd’hui Celui qui avait revêtu le péché. Célébrons le Dieu Verbe qui a confondu la sagesse du monde, qui a confirmé la prédication des Prophètes, qui a renforcé le lien qui unissait les Apôtres, qui a déployé sur tout l’univers l’appel de l’Eglise et la grâce de l’Esprit. Et nous qui étions étrangers à la promesse de Dieu, nous avons connu le Seigneur ; l’Ecriture est accomplie : La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur. De quoi se souviendra-t-elle ? De la chute antique et de la nouvelle résurrection, de la transgression originelle et du retour sur le droit chemin, de la mort d’Eve et de l’enfantement de la Vierge, du rétablissement des nations, du pardon des pécheurs, des oracles des Prophètes, de la prédication des Apôtres, de la nouvelle naissance dans la piscine baptismale, de l’installation en Paradis, du retour aux Cieux.
Toute cela nous fut obtenu lorsque se leva le Créateur ayant rejeté l’ignominie et dans sa magnificence divine transfigurant le corruptible en incorruptible. Quelle est donc cette ignominie qu’il a rejetée ? Isaïe nous le dit : Sans beauté, sans éclat, nous l’avons vu sans aimable apparence, rebut de l’humanité. Quand donc fut-il sans gloire ? Quand il portait sur les épaules le bois de la croix comme le trophée de sa victoire sur le diable. Quand fut-il sans gloire ? Quand les soldats triomphèrent du chef des puissances des cieux. Quand fut-il sans gloire ? Lorsque le chef fut asservi et jugé le juge du monde.
Mais Celui qui était sans gloire a été transfiguré dans la lumière, et la joie du monde s’est réveillée avec son corps. Alors la terre enfanta et le jour conçut et la mort rendit la vie de tous. Le Seigneur est roi, il s’est vêtu de beauté. Quelle beauté a-t-il donc revêtue ? L’incorruptibilité, l’immortalité, la convocation des Apôtres, la couronne de l’Eglise. La terre que le péché avait ébranlée sur ses bases a été affermie par le bois de la croix, afin qu’elle ne soit à nouveau ébranlée par aucune chute, ni agitée par le vent de l’erreur. Paul s’en fait le témoin : Il convenait que le corruptible revête l’incorruptibilité, et le mortel l’immortalité ; et le psalmiste aussi : Ton trône est fixé dès l’origine ; de tous temps, c’est toi le Seigneur ; ton règne, un règne pour les siècles, ton règne, un règne éternel qui ne sera pas détruit. Dieu règne, exulte la terre, que jubilent les îles nombreuses. A Toi la gloire et la puissance. Amen.