Sur Luc 23, 35-43
Mon Royaume n’est pas de ce monde

Saint Ambroise de Milan
Traité sur l’Evangile de saint Luc, SC 52, p. 192s

Le seul triomphe du Seigneur, la croix du Christ, a fait triompher presque tous les hommes. Il importe donc de considérer en quel état Il monte sur la croix ! Je le vois dépouillé : c’est donc ainsi qu’il faut monter, quand on s’apprête à vaincre le siècle, sans rechercher les secours du siècle. Adam fut vaincu, lui qui a cherché un vêtement ; le vainqueur est Celui qui a quitté ses vêtements. Puis il est monté tel que la nature nous avait formé sous l’action de Dieu : c’est ainsi que le premier homme avait habité dans le paradis, ainsi que le second homme est entré dans le paradis. Et afin d’être vainqueur non pour lui seul, mais pour tous, Il a étendu les mains pour attirer tout à Lui, afin de dégager des liens de la mort, d’attacher au joug de la foi, d’unir au ciel ce qui était auparavant de la terre.
On a écrit aussi une inscription. Cette inscription est tracée, et placée au-dessus de la Croix, non pas au-dessous de la Croix, car la principauté est sur ses épaules (Isaïe 9,6). Qu’est cette principauté, sinon son éternelle puissance et divinité ? Aussi, quand on l’interroge : Qui êtes-vous ?, Il répond : Le principe qui vous parle (Jean 8,25). Lisons cette inscription : Jésus de Nazareth, est-il dit, roi des Juifs. Il est juste que l’inscription soit au-dessus de la Croix, parce que la royauté que possède le Christ ne tient pas à son corps humain, mais à sa puissance divine. Il est juste que l’inscription soit au-dessus de la Croix, parce que si le Seigneur Jésus était en Croix, Il resplendissait au-dessus de la Croix par sa majesté royale. Quant à la place de la Croix, elle est au milieu pour être vue de tous.
On partage les vêtements que le sort attribue à chacun, car l’Esprit de Dieu n’est pas prisonnier de la pensée humaine, mais survient comme par un hasard imprévu. Peut-être aussi que les quatre parts des vêtements sont-ils la figure des quatre évangélistes, écrivains d’une inscription que tous nous pouvons lire. Je lis l’inscription du roi des Juifs, quand je lis : Mon Royaume n’est pas de ce monde (Jean 16,36) ; je lis le procès du Christ écrit au-dessus de sa tête quand je lis : Et le Verbe était Dieu (Jean 1,1) ; car La tête du Christ, c’est Dieu (1 Corinthiens 11,3).